"Vivante(s)" sur Canal + : un mode d’emploi pour les victimes de violences conjugales

Sarah Barukh porte les voix des victimes de violences conjugales et de féminicides dans le documentaire "Vivantes(s)" mardi soir sur Canal+. "Je n'avais pas le droit de les laisser au rang de mortes", explique l'écrivaine, qui, après 10 ans de relation toxique, a fait de son passé une force pour venir en aide aux femmes.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'écrivaine Sarah Barukh, le 5 mars 2023. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Sarah Barukh est au cœur du film Vivantes(s), signé Claire Lajeunie, diffusé mardi 5 mars à 21h10 sur Canal+. Un documentaire qui montre le quotidien de l’écrivaine, devenue militante contre les violences faites aux femmes et les féminicides, après voir fui, avec son bébé sous le bras, un compagnon violent, en juin 2020. 

Réfugiée chez ses parents, elle prend conscience que les violences conjugales touchent tous les milieux sociaux contrairement à ses idées reçues d’adolescente. "J'avais associé les violences faites aux femmes, aux coups, à la cité, à l'immigration, etc, explique Sarah Barukh. Vingt ans plus tard, j'étais la personne qui était convoquée par les assistantes sociales, la police et les psychologues du commissariat. C'était moi. J’avais honte". 

Ce documentaire raconte également comment est né son livre 125 et des milliers (HarperCollins) pour lequel elle a réussi à mobiliser 125 personnalités féminines, comme Julie Gayet, la Rabine Delphine Horvilleur, Isabelle Carré ou encore Leïla Slimani, qui dressent chacune le portrait de femmes tuées par leur compagnon. Un livre comme un point de départ marquant le début d’un combat. "Pour ces familles le drame continue, reprend Sarah Barukh. Je me suis sentie obligée de ne pas les abandonner. Je n'avais pas le droit de les laisser au rang de mortes. Ce livre a été fait et je me sens obligée de le traduire en actions".

Sarah Barukh va donc désormais plus loin pour sensibiliser sur ce fléau et part à la rencontre d’enfants, d’étudiants, des gendarmes, mais aussi de chefs d’entreprise qui selon elle, ont un vrai rôle à jouer. "62% des femmes battues sont salariées en Europe, note Sarah Barukh. Si on ne leur annonce pas qu'elles peuvent aller porter plainte pendant leur temps de travail, elles ne peuvent pas aller le faire puisqu'elles sont fliquées chez elle. Pareil pour visiter un appartement". 

Un film "pragmatique et concret"

Dans Vivantes(s), elle donne aussi plein de conseils pour venir en aide aux victimes de violences conjugales."On voulait rendre le film pragmatique et concret parce que souvent ça reste un fantasme. On dit : Pars, pars, mais ça paraît une montagne tellement énorme pour une femme de partir. Avec quel argent ? Quand ? Où ? Comment ? " Il y a aussi de la culpabilité, précise Sarah Barukh, parce qu'encore une fois, les hommes violents ne sont pas que ça. "Ils ne sont pas violents sept jours sur sept, 24 h sur 24". 

Dans cette lutte contre les violences faites aux femmes et les féminicides, il est généralement peu question de la prise en charge des enfants. "30% des enfants qui ont vu de la violence deviendront victimes et 30% deviendront bourreaux. L'immense majorité des enfants sans suivi adapté ne se définira que par la violence", conclut-elle. 

Retrouvez cette interview en vidéo : 

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