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"La presse française est en retard en matière de transition numérique"

Du "Monde" au "New York Times", de "Libération au Guardian"... Comment les grands quotidiens négocient-ils le virage vers le numérique ? La crise qui secoue actuellement "Le Monde" et "Libé" prouve que la révolution de la presse ne se fait pas sans douleur. Analyse de Jean-Marie Charon, sociologue des médias.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

Son départ va-t-il suffire à régler la crise ? Cette semaine, le bras de fer entre les journalistes du Monde et la direction s'est soldé par la démission de la patronne du quotidien. Nathalie Nougayrède est remplacée temporairement par un reporter de la rédaction, Gilles Van Kote. Le journaliste sera chargé d'apaiser les tensions au sein du journal mais aussi de poursuivre les réformes engagées. Car Le Monde est en pleine refonte : nouvelle formule, plan de mobilité à l'intérieur du journal... Les changements, qui visent à accélérer le développement numérique du journal, provoquent bien des inquiétudes au sein de la rédaction.

Le Monde n'est pas le seul quotidien à vivre ce virage numérique dans la douleur. En témoigne la situation à Libération, où la rédaction s'oppose avec vigueur aux projets du nouvel actionnaire Bruno Ledoux. Ou l'exemple du New York Times , avec la démission cette semaine de la directrice Jill Abramson sur fond de désaccord autour de l'évolution des contenus. Du côté de la presse britannique, la transition numérique du Daily Telegraph et du Guardian se fait à marche forcée et s'accompagne de réductions d'effectifs.

"Tout le monde cherche la solution"

"Le défi est le même pour tous les titres de personne, et tout le monde cherche la solution" explique Jean-Marie Charon, sociologue des médias et spécialiste de la mutation numérique de la presse. "Mais les journaux français ont quelques étapes de retard vis-à-vis de la presse anglo-saxonne. La fusion des rédactions papier et web est moins avancée par exemple. La plupart des journaux anglo-saxons en sont déjà au 'digital one' c'est-à-dire que le numérique prime sur les autres supports."

Cependant, les changements se font "de manière plus radicale" à l'étranger, avec des plans de suppressions de postes au Guardian ou au Financial Times , quitte ensuite à embaucher de nouveaux journalistes avec un profil web plus accentué. "Dans notre cadre social, dans l'histoire de la presse française, ça n'a pas été accepté. D'où la nécessité de faire plus de formation, d'être plus pédagogue" indique Jean-Marie Charon.

Autre défi pour la presse : "monétiser" le lectorat sur les nouveaux supports. "En France, la baisse des ventes papier n'est pas compensée par les ventes du numérique" explique le spécialiste. "Mais là aussi, on a pris du retard. Le New York Times, qui fait figure de modèle, a désormais plus d'abonnés numériques que d'abonnés sur l'imprimé. C'est loin d'être le cas pour Le Monde."

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