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Jardin. Stop à la tonte systématique !

Laisser des zones non tondues dans un petit ou un grand jardin, c'est préserver la biodiversité, limiter l'évaporation du sol, lutter contre la chaleur.

Article rédigé par franceinfo - Isabelle Morand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un chemin tondu au Flérial, le jardin d'Éric Lenoir, à Volgré, dans l'Yonne. (ISABELLE MORAND / ERIC LENOIR / RADIO FRANCE / FRANCE INFO)

Les tondeuses et les robots de tonte ne vont pas tarder à sortir des abris de jardin. Mais pourquoi tondre tout, partout, systématiquement ? En laissant l’herbe pousser ici ou là, vous allez rendre de grands services à la biodiversité.

Des stations d'accueil pour les insectes

Les petites bestioles adorent visiter ces herbes non tondues où vont pousser des plantes qui leur plaisent. Les osmies, ces petites abeilles solitaires qui sont parmi les premiers pollinisateurs à se manifester au printemps, peuvent y butiner nectar et pollen.

Les herbes sont aussi des lieux de passage ou des refuges pour des quantités d’insectes très utiles au jardin.

Tondez pour circuler facilement mais rien de plus ! (ISABELLE MORAND / ERIC LENOIR / RADIO FRANCE / FRANCE INFO)

Vive les zones libres !

Il faut combattre l’idée, encore trop souvent répandue, qu’une zone libre dans un jardin n’accueille que de la "vermine". 

Éric Lenoir, l'auteur du Petit traité du jardin punk, est un fervent défenseur de ces espaces non tondus : "Plus on a de biodiversité dans un jardin, moins on a de "vermine" entre guillemets, car vous allez attirer tout un cortège d’espèces qui vont venir manger les ravageurs.

J’ai adoré la réponse d’une dame sur les réseaux sociaux en réaction à d'autres internautes après la parution d'un article sur la peur d’avoir de nouvelles bestioles mangeuses de rosiers. Cette dame répondait très clairement : "Depuis que je ne tonds plus, je n’ai plus de pucerons sur mes rosiers dans mon jardin de 400 m2. J’en ai un peu en début de saison. Puis, les syrphes, les coccinelles, les forficules arrivent, et ils se chargent de tout réguler."

Gérer l'espace

Évidemment, il ne s’agit pas de ne plus tondre du tout ! Dans un petit jardin, il faut pouvoir se mouvoir, installer une chaise, des tables, aménager des espaces pour les jeux des enfants.

Dans un grand jardin, c’est plus simple, il suffit de passer un coup de tondeuse pour créer des allées et pouvoir circuler facilement d’un endroit à l’autre, comme au Flérial, le jardin punk d’Éric Lenoir dans l'Yonne.

Éric Lenoir, au Flérial, son jardin expérimental dans l'Yonne. (ISABELLE MORAND / RADIO FRANCE)

Connaissez-vous l'effet d'albédo ?

Laisser des herbes hautes dans un jardin permet également de lutter contre l'évaporation des sols et de limiter la chaleur.

"Les grandes herbes captent l'humidité de l'air, ce qui est particulièrement important en été. Elles empêchent le soleil d'atteindre directement le sol et limitent l'évaporation. L'herbe blanche a également un effet d'albedo. Pensez aux maisons grecques peintes à la chaux. Le blanc reflète les rayons du soleil et limite la chaleur. Le phénomène est le même dans un jardin. Toute la zone enherbée sera moins chaude."

Les grandes herbes font office de filets à rosée

Éric Lenoir, concepteur du Jardin punk

Une zone de hautes herbes permet de capter la rosée et de limiter considérablement l'évaporation des sol. Photo prise en octobre au Mas des Béalières, en Isère.  (ISABELLE MORAND / RADIO FRANCE / FRANCE INFO)

Et des économies à la clé...

Les herbes hautes sont donc un moyen de préserver la biodiversité, de lutter contre la chaleur et la sécheresse. C’est aussi une façon de faire des économies d’énergie thermique ou électrique.

Cela peut éviter d’avoir le bourdon devant une pelouse jaune, sèche, moche en été ou de dépenser des dizaines d’euros pour maintenir la pelouse à peu près verte. C’est simplement une autre façon de penser son jardin. 

Le Petit Traité du jardin punk, d'Éric Lenoir, Terre Vivante, 10 euros.

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