Jeux vidéo. "Detroit : Become Human", des bleus dans les yeux
La nouvelle production du studio français Quantic Dream creuse le sillon du jeu narratif en démultipliant les embranchements scénaristiques. Vertigineux et humain.
“Car si le visage est le miroir de l'âme, les yeux en sont les interprètes.” Cette citation de l’homme d’état et orateur romain Cicéron, le jeu Detroit : Become Human à jouer exclusivement sur PS4, l’a fait sienne durant la dizaine d’heures que dure l’aventure. La nouvelle production du studio français Quantic Dream démultiplie les embranchements scénaristiques
Kara, Markus et Connor, des robots trop humains
La dernière production du studio français Quantic Dream met en scène trois androïdes plus vrais que nature : Kara, Markus et Connor. Nous sommes en 2038 à Détroit.
Ici, comme ailleurs, la firme CyberLife vend des robots humains, trop humains, qui ont débarrassé une bonne partie de l’humanité des travaux laborieux. Kara et Markus sont ainsi des androïdes à tout faire. Mais cette humanité est peu reconnaissante, elle qui fait face à un chômage de masse et à la prolifération de drogues dures. Detroit : Become Human est souvent plus proche des Misérables que de Blade Runner. Un jour, la conscience robotique se fait jour, les androïdes, eux aussi, ont peur de la mort. Paradoxalement, ce réveil des consciences dans le blanc des yeux humanoïdes passe par l’iris des joueurs.
Avoir peur, aimer, haïr, c’est aux joueurs d’apporter ce supplément d’âme au récit
Faut-il désobéir à son maître pour sauver sa petite fille qu’il bat nuit et jour ? Doit-on protéger son propriétaire contre son propre fils junky ? L’aventure, prenante, est une question permanente et elle s’adresse à tous, même ceux rebutés par le jeu vidéo. Les interactions sont simples et on peut prendre le temps. Enquêter, fuir, se cacher, discuter, et même nettoyer et ranger comme un véritable androïde de maison, et s’il y a quelques scènes de courses-poursuites spectaculaires, elles sont rares et demande surtout de bons réflexes.
Detroit : Become Human comporte enfin son lot de séquences impressionnantes
Ce jeu comporte des séquences marquantes comme ce chapitre intitulé L’enfer, une décharge d'androïdes hors service où l’un des héros s’extirpe comme d’un charnier. Étouffant. Cette histoire chorale sera de toute façon la vôtre. Derrière un rendu visuel cinématographique, tout ici est affaire de choix.
Multipliant à foison les fourches caudines et les embranchements à l’intérieur du scénario, la force de Detroit : Become Human, c’est la possibilité d’écrire son propre script, sa propre révolte, celle qui s’allume devant et sur l’écran, dans les yeux des androïdes et ceux des joueurs.
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