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A quoi joue Christiane Taubira ?

La ministre de la Justice est restée étrangement silencieuse alors que les députés socialistes contredisaient le texte gouvernemental qu’elle était supposée défendre en commission des lois.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Radio France Cyril Destracque)

A quoi joue Christiane Taubira ? La question agite les allées du pouvoir, depuis que la ministre a laissé adopter ces amendements sans sourciller Cet après-midi, la place Vendôme minimise l’affaire. La ministre n’a rien dit, elle n’a pas exprimé le désaccord du gouvernement, car cette position était déjà connue des parlementaires. La semaine prochaine, Christiane Taubira défendra, comme il se doit, les amendements visant à supprimer les amendements socialistes, pour en revenir à la version du texte qu’elle-même, Christiane Taubira, avait présenté en Conseil des ministres.

Pourtant, l’attitude de la ministre a de quoi déplaire à l’Élysée. Oui, surtout que ce n’est pas la première fois que Christiane Taubira joue une partition discordante sur ce dossier. L’été dernier déjà, son antagonisme avec Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait attiré les amateurs de couacs. Christiane Taubira s’était invitée au dernier moment à l’université d’été du PS, pour gagner le match à l’applaudimètre militant face à Manuel Valls alors ministre de l’Intérieur. Elle qui n’appartient pourtant pas au Parti socialiste. Elle avait devancé l’arbitrage du chef de l'Etat pour mieux se l’approprier. François Hollande a arbitré en faveur de la contrainte pénale, mais en la limitant aux délits pouvant engendrer une peine de 5 ans maximum.

Ce différend expose le gouvernement 

Au-delà, cela pourrait concerner des délits liés au trafic de drogue, certaines agressions sexuelles ou regroupement de potentiels terroristes, difficilement explicables. En ne disant mot, lors de l’examen du texte en commission, Christiane Taubira a donné le sentiment de vouloir relancer un rapport de force interne au gouvernement. « La ministre respecte énormément le travail parlementaire » insiste son cabinet. Christiane Taubira ne voulait pas que le gouvernement soit mis en minorité en commission, a-t-elle justifié dans les couloirs de l’Assemblée. Formellement, puisque le gouvernement n’a pas livré son opinion, il n’a pas été contredit. Politiquement, c’est autre chose. Ce différend expose le gouvernement aux critiques de l’opposition.

 

La droite a beau jeu de dénoncer le laxisme de la gauche au pouvoir. Cet incident peut aussi donner des idées aux députés frondeurs. Ces députés socialistes qui jugent que François Hollande est un problème, et que Manuel Valls incarne une ligne contraire aux idéaux de leur électorat. A quoi joue Christiane Taubira ? La question tourne de plus belle dans les allées du pouvoir. Elle a même été posée directement à la ministre : « tu veux sortir ou quoi ? » lui a demandé directement un membre de l’éxécutif. - Non, je ne veux pas sortir. » a répondu Christiane Taubira. Une chose est sûre, elle ne rend pas service au gouvernement. Son cabinet conteste cette remarque, mais ne va pas jusqu’à soutenir l’inverse. Personne ne prétend aujourd'hui que le silence de Christiane Taubira renforce la position du Président ou du Premier ministre. On peut même raisonnablement soutenir le contraire.

 

 

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