Angela Merkel et François Hollande, les fiançailles de raison
C'est vrai,
quand il est arrivé à l'Elysée, François Hollande ne pariait pas vraiment sur
un succès de la chancelière allemande.
L'exécutif français
pensait plutôt que, sous la pression de la crise, les attentes sociales
porteraient le SPD.
Après tout, la
crise avait bien eu raison des ambitions de Nicolas Sarkozy.
Mais le SPD
n'a pas forcément mené la meilleure des campagnes face à cette stratège assez
retors.
Contrairement
aux espoirs de François Hollande, elle l'a donc emporté.
Cela dit, François
Hollande n'a pas été vraiment surpris, tant cette victoire était annoncée. L'Elysée
s'est donc empressé d'appeler la chancelière.
François
Hollande a pu l'assurer de sa volonté de travailler "inlassablement "
avec elle.
Cet adverbe "inlassablement "
traduit la posture de François Hollande, il est encore là pour quelque temps
lui aussi, les deux dirigeants sont donc obligés de s'entendre.
Mais Angela Merkel est en position de force...
Evidemment. Elle
vient d'être largement réélue. Elle est la femme forte de l'Europe.
Alors que François
Hollande, dont la cote est au plus bas en France, est l'homme affaibli de l'Europe.
Ce qui ne
veut pas dire pour autant que François Hollande s'engage de façon résignée dans
la prolongation de ce duo.
Il a toujours
été persuadé qu'il pouvait convaincre la chancelière de son intérêt de relancer
une politique d'investissement en Europe.
Sans grand succès, jusqu'à présent...
Elle a quand
même, durant la campagne, consenti à un investissement de 5 milliards.
C'était pendant
la campagne, pour couper l'herbe sous le pied du SPD.
Et aujourd'hui,
même si Angela Merkel a remporté une large victoire, historique, elle doit
composer avec le SPD pour organiser sa majorité.
La chancelière
peut donc être amenée à rejoindre certains objectifs français.
Ce n'est pas
gagné, mais c'est jouable, comme on dit.
La
suprématie d'Angela Merkel lui offre une certaine liberté.
A François
Hollande de se montrer convaincant.
Pour Angela
Merkel, c'est une question de rapport de force interne. Le SPD entend vendre
chèrement sa participation.
La chancelière
a les coudées franches pour choisir le domaine sur lequel elle peut faire des
concessions.
Pour François
Hollande, qui prétendait renégocier le traité européen, qui est au plus bas
dans les sondages, avant d'affronter une année électorale, (avec des élections
municipales et européennes), il est vital d'obtenir des concessions.
Seule l'Europe
peut lui offrir un peu d'oxygène politique.
De quoi le
rendre engageant envers la chancelière allemande.
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