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Bernard Cazeneuve : démineur pragmatique à l’Intérieur

Bernard Cazeneuve ne cherche pas les lumières médiatiques, ce qui ne l’empêche pas de prendre des positions assez définitives. Lors de l'émission "Questions d'info" LCP/France Info/Le Monde/AFP, le ministre de l’Intérieur a enterré le droit de vote des étrangers et relancé le débat sur la proportionnelle.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (© Radio France Cyril Destracque)

Bernard Cazeneuve est un pragmatique. Attentif à ne pas sortir de son rôle de ministre de l’Intérieur, fidèle au président de la République, il tient aussi à dire les choses telles qu’elles sont. C’est ainsi qu’il ne craint pas de remiser la promesse du droit de vote aux étrangers aux élections locales. Motif, il n y’a pas la majorité requise au Parlement. "Il n'y a pas de majorité constitutionnelle pour faire cela. Donc pourquoi est-ce qu'il faudrait dans un pays qui... Nous devons nous concentrer sur l'essentiel de ce que nous pouvons faire immédiatement avec la majorité dont nous disposons, le redressement des comptes du pays, la croissance. Je dis simplement que ce sujet ne peut voir le jour que lorsqu'il y a une majorité. Ce n'est pas la peine de poser des questions dont on sait qu'on n'a pas les moyens de les résoudre ."

En revanche, sur l’adoption d’une dose de proportionnelle aux législatives, réclamée par les écologistes et le centre, une majorité pourrait être trouvée. Bernard Cazeneuve ne rejette donc pas cette hypothèse. "Si une dose de proportionnelle doit être instillée dans le scrutin, c'est mon avis personnel, il ne faut pas que cela se fasse au détriment de la possibilité de dégager des majorités. Je ne suis pas hostile à l'instillation d'une dose de proportionnelle, et ça n'est qu'un avis personnel, mais ce sujet doit être traité dans le respect des principes... Un, faire en sorte qu'il n'y ait pas de conflit autour de ce sujet, parce que le pays n'a pas besoin de conflit. Deux, dégager des majorités, trois, assurer la représentation ."

Un langage de vérité à utiliser contre le FN et les eurosceptiques

Le débat est donc lancé par Bernard Cazeneuve, bien que s’exprimant à titre personnel. Le résultat des élections européennes n’est peut-être pas étranger à ces deux prises de position. Il est vrai que ces deux sujets passionnent le Front national, pour des raisons différentes… Bernard Cazeneuve estime qu’un langage de vérité fait partie de la panoplie des armes politiques à utiliser contre le FN et les eurosceptiques.

Pour ne pas accentuer le divorce entre les électeurs et l’Europe, et entre les électeurs et la politique. "La France n'est pas le seul pays à être confronté à la montée des euroscepticismes, Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est que tous les gouvernants des peuples de l'Union européenne comprennent, et c'est le message que fait passer François Hollande depuis deux ans, mais qu'il faut aussi que les formations politiques résolument européennes fassent passer, que le risque est considérable d'un divorce des peuples d'Europe du projet européen, et que ce divorce-là sera un divorce qui s'accompagnera d'un basculement dans des extrémismes qui compromettront aussi, ces extrémismes, la relation de l'Europe à une certaine conception de la démocratie, pour ne pas dire la démocratie elle-même ." 

"Une opération sanitaire" à Calais

Quant à l’évacuation menée à Calais ce matin, il s’agit d’une opération sanitaire, et non policière, nuance le ministre de l’Intérieur. "Ce que nous faisons à Calais aujourd'hui, ce n'est pas une opération d'ordre public, c'est une opération sanitaire que je souhaite conduire, que le préfet est en train de conduire avec mes instructions dans un cadre humanitaire et humain, je le souhaite, en proposant des hébergements, en proposant l'asile à ceux qui le souhaitent, parce que c'est ainsi que l'on doit traiter ces questions ."

Bernard Cazeneuve insiste : ces migrants se massent à Calais pour aller en Grande-Bretagne, qui n’appartient pas à l’espace Schengen. Il est donc faux, selon le ministre de l’Intérieur de croire que Schengen favorise les mouvements de population. Même Bernard Cazeneuve le concède, le dispositif Schengen peut progresser.

L'intégralité de cet entretien est à retrouver à 20h30 sur La Chaîne Parlementaire en partenariat avec Le Monde, l'AFP et France Info.

 

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