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Chômage : quand Jean-Marc Ayrault prend le train de l'optimisme

L'amertume, voire la désespérance à Aulnay-sous-Bois, où PSA-Peugeot-Citroën a sorti ce vendredi sa toute dernière voiture de la chaîne de montage. Et l'optimisme à quelques kilomètres de là, dans le Val d'Oise : le premier ministre a fêté en gare d'Ermont-Eaubonne le premier anniversaire des emplois d'avenir. Une bouffée d'oxygène pour Jean-Marc Ayrault, qui a fait assaut de volontarisme. Au risque de paraître déconnecté du monde réel.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Quel contraste entre la triste photo d'Aulnay, et le dialogue plein d'optimisme qui s'est instauré ce matin entre le premier ministre et une dizaine de jeunes recrutés en emplois d'avenir à la SNCF.

Enfin des gens heureux, des dispositifs qui fonctionnent, et cette bonne nouvelle :

"le cap des 100.000 emplois d'avenir sera bien atteint en fin d'année."

De quoi redonner le sourire à Jean-Marc Ayrault. Car les annonces positives se font rares. Si l'engagement de l'exécutif est tenu sur les emplois d'avenir, il l'est par exemple beaucoup moins sur l'autre dispositif imaginé par François Hollande, ces contrats de génération dont le nombre ne décolle pas..

LE cap fixé par le président il y a un an, cette fameuse inversion de la courbe du chômage d'ici fin 2013, est loin d'être atteint.

Un nouveau record est même enregistré pour septembre, certes gonflé par le fameux "bug SFR" du mois précédent, mais ces chiffres "ne doivent pas être un prétexte pour nous décourager, bien au contraire", affirme le premier ministre, en pleine méthode Coué "au premier trimestre, il y avait 1.000 chômeurs de plus par jour, au 2ème 600 et au 3ème 200", explique-t-il.. une communication "alambiquée et indécente", dénonce l'opposition. il est vrai qu'on a connu mieux comme argument de vente d'une politique gouvernementale, que ce "ralentissement de la hausse".
 

Cet optimisme forcené de Jean-Marc Ayrault est partagé par le président.

On dit François Hollande agacé, en colère même, après l'affaire Leonarda et la séquence calamiteuse du week-end dernier mais sur ce point au moins le président est égal à lui-même : il croit dur comme fer à l'inversion de la courbe du chômage, seule susceptible de le faire rebondir. "c'est encore trop, mais il y a une évidente décélération", a commenté le président depuis le conseil européen de bruxelles.

Certes, lui qui estimait en septembre qu'on était "tout près du but" a dû en rabattre.. mais sans renoncer à l'objectif, en dépit des sombres prévisions de l'OCDE.

Même s'il atteint son objectif, François Hollande n'est pas certain d'en tirer un gain politique.

 

En effet le contraste entre Aulnay-sous-Bois et Ermont-Eaubonne n'échappe pas à l'opinion. PSA, mais aussi Gad ou Alcatel Lucent : les fermetures d'usines et plans sociaux occupent l'espace médiatique.. et les citoyens doutent de la parole présidentielle. Par ailleurs, même si la courbe du chômage s'inverse, on dira que c'est grâce aux emplois aidés, et on demandera une confirmation de la tendance dans la durée. Or les élections municipales, c'est en mars prochain, le temps presse. Bref, le pari, le seul qui vaille pour François Hollande, celui des résultats sur lesquels assoir un rebond politique et sondagier, ce pari-là est loin d'être atteint, quel que soit le profil de la fameuse courbe du chômage dans 2 mois.

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