Cet article date de plus de dix ans.

Concessions ou mise en scène, la méthode Valls à l'épreuve

Du côté des parlementaires socialistes, les annonces de Manuel Valls de ce lundi sont plutôt bien accueillies, même s'il reste plusieurs dizaines d'irréductibles décidés à ne pas voter ces mesures d'économies. Finalement, le pire semble avoir été évité.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Le pire, c'était ce que laissait
présager la tribune de trois députés, proches de Martine Aubry en fin de semaine
dernière. "Pourquoi
nous ne voterons pas le pacte de stabilité", expliquaient-ils dans
Libération . Ils ne sont que trois, mais leur voix pèse
pour beaucoup plus. Surtout quand ces trois très proches de la maire
de Lille accusent le gouvernement de "s'enferrer" dans un
risque de récession, et pointent des "rapports
infantilisants" entre le gouvernement et sa majorité. Bref, la tribune sent la rébellion des proches d'une
première ministrable.

Le Premier
ministre et les proches de François
Hollande s'activent donc pour désamorcer cette fronde.

Ils craignent que la démarche de ces
trois aubrystes fasse tache d'huile et gagne les députés que la nomination de Manuel
Valls avait rendus chagrin. Avant le discours de politique générale
du nouveau Premier ministre, ils étaient près d'une centaine, dont les amis de
Martine Aubry, à signer un appel pour un nouveau contrat de majorité. Ils voulaient
désormais être consultés et entendus par l'exécutif.

C'est auprès de cette centaine de
députés, gagnés par le doute, que les relais de l'exécutif ont déployé tous
leurs efforts. Manuel Valls les a reçus plusieurs fois,
publiquement, avec tous les égards possibles, pour prendre note de leurs
propositions. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, les a
exhortés à la raison : "il faut savoir arrêter une fronde "
leur a-t-il dit, paraphrasant le leader communiste Maurice Thorez en 1936 "il
faut savoir arrêter une grève,
disait-il, en ajoutant, dès que satisfaction a
été obtenue
".

Et
ce matin n Manuel Valls a tout fait pour donner satisfaction aux fondeurs.

Le chef du gouvernement a écrit une
longue lettre aux députés pour bien formaliser les avancées qu'ils peuvent
signer de leur influence. Même chose de la part du président du
groupe socialiste, Bruno Le Roux, qui a envoyé à chacun des députés une lettre
personnalisée pour souligner "les résultats de ce dialogue".

Car c'est une nouvelle méthode qui
devrait prévaloir désormais entre le gouvernement et sa majorité. Manuel Valls veut montrer aux députés qu'ils
ont été non seulement "écoutés", mais aussi "entendus".

Les
députés sont-ils convaincus par ces concessions, ou bien pensent-ils qu'il s'agit
simplement d'une mise en scène médiatique ?

Ils devraient être très peu à voter
contre, et quelques dizaines à s'abstenir, sans mettre la majorité en péril. Si les engagements de Manuel Valls sont bien
pris comme de véritables concessions, alors les députés rebelles risquent d'apparaître
comme mettant en scène une fronde dont la stratégie serait d'obliger François
Hollande à renier sa ligne politique. A quelques semaines des européennes, le
pari n'est pas inconcevable à la gauche du PS. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.