Cet article date de plus d'onze ans.

Cumul : le parti défie le gouvernement

Manuel Valls a vendu la mèche. La loi sur le non cumul ne devrait pas s'appliquer aux prochaines municipales. Le ministre de l'intérieur l'assure dans le Parisien ce vendredi. Mais le premier secrétaire du PS, Harlem Désir conteste ce calendrier.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Et cette contestation s'effectue au nom de tous les
militants du PS, car le non cumul fait partie des propositions ratifiées par
les militants à l'automne dernier, lors du dernier congrès du PS.

Harlem Désir rappelle également que cette proposition
constituait un engagement du candidat Hollande (le 36ème) et,
insiste le premier secrétaire, le respect des engagements en matière de rénovation
de la vie politique est une condition de la confiance des français dans la vie
publique.

Harlem Désir tient donc à souligner le risque encouru par le
gouvernement, s'il venait à renoncer à une application immédiate de sa promesse.

Mais Manuel Valls est
assez ferme. Appliquer le non cumul dès 2014 constituerait une faute explique
le ministre de l'Intérieur.

Manuel Valls prend à son compte des calculs établis par bien
des socialistes depuis longtemps. Si cette disposition s'applique dès 2014, aux municipales,
cela veut dire que plusieurs dizaines de députés devraient renoncer à l'un ou l'autre
de leur mandat. S'ils choisissent leur mandat communal, cela signifie qu'ils
seront plusieurs dizaines de députés à provoquer une législatives partielle,
avec le risque d'échecs que cela comporte.

Comme une "mini-dissolution", selon le mot de Manuel
Valls, qui y verrait une faute.

Une opinion partagée par bien des députés maires sortants au
PS.

"ils ne sont pas contre la réforme, explique un
sénateur maire, mais contre son calendrier". Pour ceux-là, il faut simplement prendre le temps de
préparer ces successions, ces passages de relais électoral, entre le maire
sortant et son dauphin.

Mais l'opinion n'a
que faire de ces calculs politiques.

La justification de ce retard de calendrier n'est pas très
facile à vanter auprès des français. Une option juridique, permettant aux députés sortants d'être
remplacés par leur suppléant a bien été étudiée, mais elle risque fort d'être anticonstitutionnelle.

Et vanter une réforme constitutionnelle qui permette aux
maires de préparer la réussite de leur succession électorale ne serait pas du
meilleur effet. Jean-Marc Ayrault, qui avait promis la réforme pour 2014 n'a
pas voulu préciser son calendrier aujourd'hui. Le Premier ministre confirme que la loi sera proposée en
conseil des ministres dans les prochaines semaines. L'essentiel, assurent ceux qui plaident pour ce délai, est
que la loi existe, c'est là où l'engagement sera tenu, et qu'elle soit
appliquée avant la fin du quinquennat.

Entre deux risques, il faut choisir le moindre, et celui du
délai paraitrait moins dangereux aujourd'hui.

Et l'opposition ?
pourrait-il y avoir consensus sur ce sujet ?

Pour l'instant, l'opposition a tout intérêt à laisser les
socialistes se dépatouiller seuls de ce problème. La droite elle aussi, aurait à subir des législatives
partielles. Mais ce n'est pas elle qui a voulu s'approprier le thème de
la rénovation politique.

Si la gauche se prend les pieds dans un tapis qu'elle a tiré
elle-même, la droite n'est pas obligée de
pleurer avec elle.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.