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De tweets en livres les conjoints font-ils de la politique?

Le tweet de Xavier Cantat devient un acte politique, fustigé par l'opposition. Le jour où sort le livre témoignage de Cécilia Attias, ex Sarkozy. En France, on respecte la vie privée, mais on se délecte du moindre geste des conjoints de nos responsables politiques. C'est assez paradoxal.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Nous sommes
assez schizophrènes... La France est
l'un des pays où la vie privée des responsables politiques est assez respectée. On n'est pas
aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne, où une carrière peut se briser net sur un
adultère. Mais nous ne
sommes pas en Allemagne non plus, où le mari d'Angela Merkel mène une vie
professionnelle complètement dissociée de celle de son épouse. En France,
les mêmes qui s'insurgent contre l'activité protocolaire et médiatique de la
première dame - elle n'a pas de statut officiel – s'offusquent de voir Valérie
Trierweiler continuer ses activités de journaliste. Les conjoints
et compagnes de responsables politiques n'ont pas de légitimité politique, sauf
dans certains cas.

Sauf quand ils font des tweets par exemple...

Valérie
Trierweiler en sait quelque chose. Elle a ruiné son capital sympathie en 137
signes. Le tweet le
plus ravageur de la vie politique française. L'image politique
de François Hollande en souffre encore. C'est depuis ce tweet, et par la façon
assez modérée dont il y a réagi que  François Hollande subit un procès en faiblesse récurrent. La gestion
de la polémique Valls Duflot en témoigne. Il est encore accusé de faiblesse.

Justement, cette polémique repart avec le
tweet du compagnon de Cécile Duflot.

La ministre
du logement avait déjà souffert des accusations portée contre elle après le
tweet de son compagnon " fier de sa chaise vide " lors du défilé du
14 juillet. Doit-elle aujourd'hui
être comptable de  cette prise de
position, vite supprimée du réseau social ? Oui, assure déjà
une partie de l'opposition, quand l'Elysée et Matignon restent prudents. On comprend
la logique de l'opposition, qui tape là où ça fait mal, un peu moins celle du pouvoir. Si les
prises de position publiques embarrassantes des conjoints ne doivent pas
relever du débat politique, pourquoi les conjoints devraient-ils participer au
protocole politique ?

C'est un peu la tradition en France quand même.

Une tradition
héritée d'une longue histoire. Elle remonte sans doute au règne de nos grands
rois, quand madame de Maintenon, épouse secrète de Louis  XIV est supposée avoir entretenu une certaine
influence politique auprès du monarque. L'ambiguïté de
ce rôle transparait dans le livre de Cécilia Attias, ex-Sarkozy. Accueilli
comme un événement politique, et vanté pour son récit d'épisodes politiques marquants
sur le pouvoir, Nicolas Sarkozy, Kadhafi, ou le Fouquet's. Cécilia
Attias elle-même s'y perd. Elle évoque son rôle pour contrebalancer le pouvoir des
conseillers de l'ombre, tout en se défendant d'avoir impulsé une politique.
Cécilia ne voit pas "au nom de quoi" elle aurait pu le faire.

 Et tout le monde est ambigu...

La presse
autant que les acteurs politiques. Personne ne
remet en cause une tradition instaurée par des hommes politiques, des hommes dont les
épouses étaient chargées d'incarner  une image classique de la femme au foyer ou investie dans
des bonnes œuvres bénévoles. Mais personne non plus n'ose couper le lien
autorisant un conjoint de responsable politique à vivre pleinement une vie
publique personnelle. L'ambiguïté a
un coût, les conjoints le paient fort mais en silence, sauf quand ils craquent
et gazouillent sur les réseaux sociaux. Le contexte économique
et social n'est pas le plus propice pour ouvrir ce débat. Mais il
mériterait peut-être d'être considéré, cette ambiguïté des politiques vient s'additionner
à d'autres perplexités. Cela peut finir finit par
peser lourd dans la balance d'une opinion de plus en plus sceptique sur la capacité d'action de la sincérité du personnel politique.

 

 

 

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