Des élections européennes sans identité
Nous sommes à trois semaines du scrutin, et
l'on n'a pas vraiment l'impression de vivre une campagne très intense. Il n'y a pas de débat.
Chaque parti développe ses arguments
dans son couloir, sans tenir compte de ceux de ses concurrents. L'UMP veut surfer sur sa réussite des
municipales, et veut administrer une nouvelle claque au PS. Objectif également poursuivi
par les centristes qui cultivent leur différence à droite. Le Front national veut devenir le
premier parti de France, contre l'UMP et contre le PS. Le principal parti de la majorité, lui,
fait le dos rond, en tentant de se remettre de son échec aux élections
municipales.
Ce qui
fait qu'au bout du compte, l'Europe est assez peu présente dans le débat.
La campagne est si courte qu'il faut
faire simple. L'exercice est assez évident pour le Front
National, qui après avoir tapé contre les autres partis politiques Français,
tape sur les institutions européennes. L'objectif de Marine Le Pen est d'arriver
en tête du vote du 25 mai en France. Afin de revendiquer le titre de premier
parti de France. La présidente du FN se fera forte
ensuite d'incarner à elle seule une nouvelle alternative en France en vue de
2017.
Face à cette dynamique sur son extrême
droite, l'UMP ne résiste pas aux démons de la division. Sa victoire aux municipales a réenclenché
la machine à démultiplier les ambitions présidentielles dont le premier effet
est de ranimer les querelles internes.
A peine le parti dirigé par Jean-François
Copé avait-il vanté son projet européen, adopté à la quasi-unanimité, que deux
députés UMP, Laurent Wauquiez et Henri Guaino s'en affranchissent en dénonçant
30 années de dérive. Derrière la présidentielle, comme pour le
FN, pour l'UMP, se profile déjà la présidentielle. Mais contrairement au parti
de Marine Le Pen, où la numéro un est incontestée, à l'UMP, beaucoup de
présidentiables rivalisent.
Et à
gauche, les appétits existent également.
La gauche contestataire espère engranger
les voix de déçus de François Hollande. Les écologistes aussi, maintenant qu'ils ne sont plus au gouvernement. Ils vantent
leur indépendance, plus qu'un projet européen clairement identifié. Quant aux socialistes, leur projet reste
lié à l'action du président de la République sur le plan européen. Le désaveu
subi aux municipales ne les incitent pas à mener une campagne enthousiaste. Ils
s'efforcent de limiter la casse. Au final donc, alors qu'elles vont
désigner un Parlement dont le rôle s'accroit au sein des institutions, la
campagne pour ces élections parle très peu de l'enjeu véritable de ce scrutin.
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