Édito
"Arc républicain" : à défaut de pouvoir changer les joueurs, Emmanuel Macron tente de changer l'arbitre

Emmanuel Macron invite mardi à l’Élysée les cadres des forces politiques, hors RN et LFI, pour essayer de défricher la route lui permettant de nommer un Premier ministre, et surtout d'éviter une nouvelle censure.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron prononce un discours dans le cadre d'une cérémonie marquant le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg, au Palais universitaire de Strasbourg, dans l'est de la France, le 23 novembre 2024 (SARAH MEYSSONNIER / POOL)

Emmanuel Macron réunit ensemble, mardi 10 décembre dans l'après-midi, tous les partis qu’il a reçus séparément depuis vendredi.  À 14 heures, "l’arc républicain" va prendre forme à l’Élysée, pour quelques minutes en tous cas, avec autour de la même table, les socialistes et les macronistes, la droite et les écologistes, les communistes et le MoDem. Olivier Faure, Laurent Wauquiez, Gabriel Attal et tous les autres, bref tout le monde sauf le RN et LFI. Et c’est bien là, l’objectif recherché par le chef de l’État, constituer ce "gouvernement d’intérêt général", qu’il a évoqué jeudi dernier à la télévision, ou plutôt "le rendre possible", dit-on à l’Élysée. C’est-à-dire convaincre les présents de ne pas le censurer. C’est à ce prix que le futur Premier ministre peut espérer une longévité supérieure à celle de Michel Barnier. 

Dans ce cas, Marine Le Pen perdrait tout pouvoir, d’influence ou de nuisance. L’addition des groupes qui seront représentés mardi à l’Élysée pèse 365 députés, soit plus que la majorité absolue de 289. Dès lors, la coalition insoumis-RN, 212 députés, compte pour du beurre. Une perspective qui affole Marine Le Pen. La cheffe de file de l’extrême droite s’est délectée de faire chanter, puis chuter Michel Barnier. Elle se régale d’avance à l’idée d’infliger le même sort à son successeur, et menaçait déjà ce week-end l’éventualité de voter une nouvelle motion de censure. En fait, Marine Le Pen redoute par-dessus tout d’être marginalisée. Lundi, elle a donc fait volte-face et s’est mise à réclamer à nouveau d’être reçue à l’Élysée. Une fébrilité qui illustre ses hésitations stratégiques.

Au sein du parti d’extrême droite, certains cadres font, par exemple, de l’alliance avec les insoumis pour faire tomber le gouvernement Barnier, la cause de la défaite surprise dimanche du RN dans une circonscription des Ardennes qu’il détenait.

Sortir de la crise politique

Un gouvernement de tous sauf LFI et le RN poserait Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon  en alternatives. Tous les paticipants de la réunion de l’Élysée ont conscience de ce risque. Le PS, le PCF et les écologistes répètent donc qu’ils ne participeront qu’à un gouvernement dirigé par un Premier ministre de gauche.

En fait, tous, hormis LFI et le RN, cherchent à tâtons une méthode pour sortir de la crise politique. Peut-être une plateforme minimale, que certains appliqueraient au gouvernement, tandis que les autres laisseraient pendant une certain temps. Pour que le match interrompu par la censure reprenne, à défaut de changer les joueurs, il faut changer l’arbitre. Piquer son sifflet à Marine Le Pen pour la renvoyer au vestiaire.



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