Édito
Assemblée nationale : qui a tué le front républicain ?

En l'absence d'entente entre le Nouveau Front populaire, les macronistes et LR, le Rassemblement national semble avoir droit de vie ou de mort sur tous les gouvernements.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'hémicycle de l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement, le 2 octobre 2024. (LP/OLIVIER ARANDEL / MAXPPP)

Le gouvernement Barnier a donc survécu, mardi 8 octobre, à la motion de censure déposée par la gauche. Comme attendue, elle n’a pas été adoptée. Elle n’a recueilli que 197 voix, soit loin de la majorité absolue des 289 voix nécessaires pour faire chuter le gouvernement. C’est le refus du Rassemblement national de la voter qui a sauvé la mise de Michel Barnier. Le parti lepéniste "brûlait" pourtant de le faire, selon l’expression du député RN Guillaume Bigot, mais il s’est retenu. C’est trop tôt pour Marine Le Pen, qui veut faire mine de laisser sa chance au gouvernement. Cette mansuétude a suscité l’indignation de la gauche, le patron du PS, Olivier Faure accusant le Premier ministre de "donner des gages à l’extrême droite", et lançant : "Vous passez du front républicain à l’affront républicain".Il est vrai que trois mois après le vote du 7 juillet, le front républicain est bel et bien mort. 
 
Qui l’a tué ? Il y a beaucoup d’assassins. Un peu comme dans le roman d’Agatha Christie, Le Crime de l'Orient-Express, chacun y est allé de son coup de couteau. Emmanuel Macron par son cynisme, qui a choisi de nommer un Premier ministre de droite alors que LR n’est arrivé qu’en cinquième position aux législatives et que la droite n’a jamais été aussi faible dans les urnes et à l’Assemblée, mais aussi la gauche par son intransigeance. Le PS a même plombé les chances de Bernard Cazeneuve, lequel a résumé la manœuvre dont il a été victime par cette formule : "À force d’excommunication des plus raisonnables à gauche, on finit par devoir subir la vraie droite". C’est même Jean-Luc Mélenchon qui avait donné le premier coup de poignard au soir du second tour des législatives en réclamant l’application de tout le programme du Nouveau Front populaire.

Les électeurs ont surmonté leurs différences 


La gauche est certes arrivée en tête lors du scrutin, les députés du Nouveau Front populaire l’ont encore répété mardi pour justifier la motion de censure, sauf que le seul vainqueur des législatives, c’était le Front républicain. Tant que le Nouveau Front populaire, les macronistes et LR ne se mettront pas d’accord, c’est Marine Le Pen qui aura droit de vie ou de mort politique sur tous les gouvernements, celui de Michel Barnier aujourd’hui, pourquoi pas un autre, de gauche demain. Le 7 juillet, les électeurs de gauche, du centre et de droite ont surmonté leurs différences partisanes pour se rassembler sur l’essentiel et repousser l’extrême droite. Hélas, comme souvent, leurs représentants ne sont pas à la hauteur de ceux qui les ont élus.

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