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Édito
Colère des agriculteurs : le gouvernement redoute la frustration paysanne
Moins d’un an après leur précédent mouvement, les agriculteurs se mobilisent de nouveau lundi 18 novembre, ce qui inquiète particulièrement le gouvernement, précisément parce qu’il s’agit d’un remake. Colère paysanne, saison 2. Avec les mêmes modes d’action, des convois de tracteurs, des rassemblements devant les préfectures, des barrages filtrants. Et les mêmes revendications : simplification administrative, allègement des normes environnementales, refus absolu du Mercosur, ce traité de libre-échange discuté de longue date entre l’Union européenne et cinq pays d’Amérique latine. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’exécutif redoute une mobilisation durable. Surtout qu’en dix mois, la frustration des paysans n’a fait qu’enfler au vu du retard pris par l’État pour concrétiser les 70 engagements pris en février dernier par le gouvernement Attal.
Son successeur, Michel Barnier, espère apaiser cette colère en maniant, en même temps, la carotte et le bâton. D’abord l’attention, la bienveillance pour écouter les doléances des paysans, et jouer de son double passé, d’ancien ministre de l’Agriculture et d’ex-commissaire européen pour afficher son souci de dialogue. Et puis, le bâton, c’est le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui l’a brandi dès dimanche en prévenant qu’il ferait preuve d’une "tolérance zéro" et mobiliserait "les forces mobiles" en cas de "blocage durable" des routes. Hausser le ton est une arme à double tranchant, car en règle générale, la mobilisation des agriculteurs est plutôt populaire. L’opinion est sensible au sort de cette profession emblématique aujourd’hui en péril. Et puis, plus compliqué encore pour l’exécutif, l’issue de ce conflit ne dépend pas que de lui.
L'exécutif français opposé au Mercosur
Le Mercosur a pris une dimension symbolique capitale. C’est un chiffon rouge pour les paysans, surtout depuis que la Commission européenne a affiché son souhait de voir la négociation se conclure d’ici la fin de l’année 2024. Pas question de signer, a répété dimanche soir Emmanuel Macron au moment de s’envoler pour le G 20 de Rio. Le chef de l’État s’oppose à ce traité depuis de longues années, Michel Barnier est exactement sur la même ligne. Le souci, c’est que la position de la France est minoritaire au sein de l’UE. Pour éteindre une crise sociale dans l’hexagone, l’exécutif risque de devoir ouvrir une crise politique en Europe.
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