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Édito
Deux motions de censure à l'Assemblée sans aucune chance d'aboutir : une chorégraphie connue d'avance

Les motions de censure déposées par la Nupes et le RN sont débattues lundi à l'Assemblée nationale. Aucune des deux n'a de chance d'aboutir.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les députés de la Nupes quittent l'hémicycle, le 19 octobre 2019, alors que la Première ministre vient d'engager la responsabilité de son gouvernement comme le prévoit l'article 49.3 de la Constitution. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Deux motions de censure sur le budget vont être débattues puis proposées au vote, lundi 24 octobre à l'Assemblée nationale. Une chorégraphie bien trop classique, une sorte de ballet politique dont la chorégraphie est déjà écrite depuis longtemps. Ces motions de censure, l’une de la Nupes, l’autre du RN, vont tenter de renverser le gouvernement à la suite à l’utilisation du 49.3 pour faire adopter le budget sans vote. Concrètement, il y aura deux débats et deux votes, sauf qu’à l’issue de cette journée, il ne se sera rien passé.

Pour reprendre le vocabulaire de danse classique, ces deux motions sont un soubresaut, un sautillement à deux pieds pour retomber dans la même position. Ces motions ne passeront pas, les différents groupes ont déjà annoncé leurs intentions. Il faut 289 voix pour faire tomber le gouvernement, beaucoup plus que l’addition RN-Nupes, sachant que dans ces deux camps, personne n’osera le grand écart : la Nupes ne votera pas la motion du RN… et inversement. S’ils rêvent chacun de faire tomber le gouvernement, leurs désaccords sont trop profonds et les empêchent de faire un pas de deux ensemble. 

La droite ne soutiendra pas ces motions. Les LR ont fait quelques arabesques pendant les débats du budget, ils ont dénoncé le 49.3 et le "déni de démocratie" mais ça finit en pirouette (un tour sur soi-même sur le bout du pied… c’est joli mais très technique). Dimanche dans une tribune, 53 députés LR et apparentés ont confirmé qu’ils ne voteraient pas les motions. Ils demandent néanmoins à être mieux entendus par le gouvernement. L’exécutif peut dormir tranquille. Son dernier acte n’est pas pour aujourd’hui.

Une farandole de postures

Au-delà de la métaphore du ballet, à quoi s’attendre des débats du jour ? A une farandole de postures. Un cadre de la Nupes assume : "Une motion, ça sert à avoir du temps de parole." Sauf qu’on peut s’interroger sur le spectacle qui est offert aux Français. Depuis le début, on sait que les oppositions ne voteront pas le budget. C'est considéré comme un soutien politique, on peut trouver ça idiot mais c’est comme ça. On savait donc depuis le début que le gouvernement utiliserait le 49.3.

En fait, ce que cette affaire nous apprend, c’est que notre Assemblée est beaucoup plus "proportionnelle" qu’avant. Techniquement, elle est plus représentative des tendances politiques du pays. Mais dans les esprits, dans les pratiques, dans la recherche de compromis, dans la co-construction, dans les discussions, on est loin… très loin. Et c’est à se demander si nos élus s’en rendent compte, s’ils ont réellement compris les messages des urnes – la critique concerne tous les groupes.

Pour revenir au ballet, à moins d’un grand jeté, ou d’un saut de biche constitutionnel, on voit mal comment ça va pouvoir s’arranger.

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