ÉDITO Législatives 2024 : le RN dispose-t-il des profils nécessaires parmi les hauts fonctionnaires pour gérer le pays ?

Vainqueur des élections européennes et favori des législatives, le Rassemblement national n'a jamais dirigé la France. Au-delà des élus, le mouvement dirigé par Jordan Bardella sera-t-il en mesure de compter sur suffisamment de personnel expérimenté dans la haute fonction publique.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale (à gauche) et Jordan Bardella, président du RN, après avoir présenté leurs vœux de nouvel an à Paris, le 10 janvier 2023. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Le Rassemblement national est le favori des élections législatives du 30 juin et 7 juillet et Jordan Bardella répète qu’il est "prêt à gouverner le pays". Dispose-t-il vraiment des ressources humaines pour le faire ? C’est une question qui inquiète au sein même du RN. Le tandem Bardella-Le Pen réclamait la dissolution de l’Assemblée nationale, mais aucun des deux n’y croyait. La direction du RN a été prise de court. Elle avait, c’est vrai, déjà listé la grande majorité de ses candidats pour les 577 circonscriptions. Pour le reste, rien n’est prêt. Par définition, le RN n’a aucune expérience de la gestion des affaires nationales, aucune culture de gouvernement. Un atout pour draguer l’électeur sur le mode : "Vous ne nous avez jamais essayé... " 

C'est aussi un lourd handicap au moment de prendre en main la gestion de l’État. C’est aussi pour pallier ce manque de compétences que le parti lepéniste fait une cour effrénée aux cadres et élus de LR. Pour l’heure en vain puisque seul ou presque Éric Ciotti s’est rallié.

Des énarques déjà parmi les dirigeants du FN


Le RN revendique déjà le soutien de certains hauts fonctionnaires, regroupés dans le comité des Horaces, une trentaine de membres anonymes, parfois des anciens de cabinets ministériels de droite ou de grandes entreprises. Le parti met en scène un mouvement supposé massif et récent, mais la présence de hauts fonctionnaires à l’extrême droite n’a rien d’inédit. Il y a toujours eu des énarques parmi les dirigeants du FN. Dans les années 80 et 90, c'était le cas d'Yvan Blot ou Jean-Yves Le Gallou. Bruno Mégret était lui polytechnicien. Plus tard, Florian Phillipot ou encore Christophe Bay, qui a dirigé la dernière campagne présidentielle de Marine Le Pen, étaient tous deux également énarques. Pour pallier le manque de ressources humaines, le RN a aussi fondé il y a deux ans une école des cadres confiée à l’ancien sondeur Jérôme Sainte-Marie, rallié à Marine Le Pen. Mais pour l’heure, l’œuvre, plutôt maigre, se résume surtout à de la documentation accessible sur le site internet. En fait, faute de personnel expérimenté, le RN mise surtout sur l’effet de son arrivée au pouvoir. Il veut croire que la haute fonction publique basculera et servira le nouveau pouvoir sans réticences. Un souhait qui illustre d’ailleurs une contradiction de fond.
 
Le parti lepéniste dénonce depuis des décennies les technocrates qui auraient ruiné le pays. Et il les exhibe comme de formidables prises de guerre dès qu’il en récupère un. Au fond, pour le RN, l’énarque, c’est un peu comme le cholestérol, il y a le bon, qui lui est dévoué, et puis le mauvais.

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