Édito
Édouard Philippe visé par une enquête du Parquet national financier : première difficulté dans la course à la présidentielle ?

Le parquet national financier (PNF) a ouvert une enquête préliminaire visant notamment Édouard Philippe après le dépôt d'une plainte de l'ancienne directrice générale adjointe de la communauté urbaine du Havre.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le maire du Havre et ancien Premier ministre français Edouard Philippe lors d'une réception avec les maires français à l'Elysée, en marge de la 105e session du Congrès des maires organisée par l'Association des maires de France (AMF), à Paris, le 22 novembre 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Une perquisition a eu lieu mercredi 3 avril dans les locaux de la mairie et de la communauté urbaine du Havre présidées par Édouard Philippe. Une initiative qui intervient dans le cadre d’une enquête préliminaire qui vise l’ancien Premier ministre des chefs de "prise illégale d’intérêts", "favoritisme",  "détournement de fonds publics" et "harcèlement moral" après la plainte d’une de ses anciennes collaboratrices. C’est l’ex-directrice générale adjointe de la communauté urbaine du Havre qui a dénoncé un contournement des règles de passation des marchés publics pour l’exploitation de la Cité numérique de la ville. 

Une association dirigée par une adjointe d’Édouard Philippe à la mairie et à la communauté urbaine a hérité de ce contrat. Il y a donc un soupçon de conflit d’intérêts, aggravé par une gestion hasardeuse des fonds publics dévolus à cette association. Édouard Philippe a assuré mercredi se tenir "sereinement à la disposition du parquet" pour "démontrer en toute bonne foi" qu’il a bien "respecté les règles".

Ii s'agit du d’un premier caillou dans la chaussure d’Édouard Philippe en vue de la campagne présidentielle, surtout au vu de l’image d’intégrité et même de rigueur de l’ancien Premier ministre. Ça la fiche toujours mal d’être visé par une telle enquête. Surtout au moment, où Édouard Philippe est déjà en pré-campagne élyséenne, une sorte de tour de chauffe qui le voit multiplier depuis des semaines les déplacements à travers le pays à la rencontre des Français, un peu sur le modèle devenu fameux de Jacques Chirac en 1994. Disons que cela tombe mal au moment où l’ex-locataire de Matignon, qui jouit d’une cote de popularité au zénith, a installé dans l’opinion l’idée qu’il postulera en 2027 à la succession d’Emmanuel Macron. Il convient toutefois d’être prudent pour plusieurs raisons.

Pas même de mise en examen à ce stade

L’affaire est complexe et la plainte émane d’une ancienne collaboratrice dont le contrat n’a pas été renouvelé. Ensuite parce qu’il n’y a, à ce stade, pas même de mise en examen, et donc encore moins de condamnation. Et puis, on se gardera de toute précipitation car il faut rappeler que trois personnalités de la majorité poursuivies pendant des années ont été récemment blanchies par la justice, le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, l’ancien ministre du Travail, Olivier Dussopt, et le patron du MoDem, François Bayrou, respectivement des chefs de conflit d’intérêts, favoritisme et détournement de fonds publics. Le parquet a fait appel des décisions de relaxe concernant Olivier Dussopt et François Bayrou. Et puis enfin, Édouard Philippe est loin d’être le seul prétendant à l’Élysée inquiété par la justice.

Marine Le Pen est carrément  soupçonnée d’avoir mis en place un système de financement frauduleux de son parti en détournant pendant des années près de sept millions d’euros de fonds publics issus du Parlement européen. Un scandale d’une tout autre ampleur qui lui vaut d’être renvoyée devant le tribunal à l’automne. Or, cette affaire colle depuis des années aux basques de la candidate d’extrême droite sans nuire, pour l’heure, à sa cote de popularité.

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