Édito
Élections européennes : jusqu'à quel point Emmanuel Macron doit-il s'impliquer ?

Face aux difficultés de son camp, le président de la République envisage diverses actions pour soutenir Valérie Hayer, tête de liste Renaissance, y compris un débat avec Marine Le Pen.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron assiste à une déclaration conjointe avec le président chinois Xi Jinping à l'Elysée, dans le cadre de la visite d'État du président chinois en France, à Paris, le 6 mai 2024. (SARAH MEYSSONNIER / POOL)

Le sprint final de la campagne européenne est lancé. À quatre semaines du scrutin, lundi 13 mai, Emmanuel Macon envisage de s’impliquer davantage. La candidate de la majorité, Valérie Hayer, est en difficulté, décrochée par Jordan Bardella et talonnée par Raphaël Glucksmann. Le chef de l’État est donc très tenté de monter en première ligne pour voler à son secours. Avec l’intention de démasquer ce qu’il appelle les "mensonges" du Rassemblement national, partisan, selon lui, d’un "Frexit" déguisé. Sur la forme de cet engagement, rien n’est décidé. Déplacement, lettre aux Français, meeting aux côtés de Valérie Hayer voire, peut-être un duel télévisé avec Marine Le Pen. Rien n’est exclu. 

À l’occasion d’une campagne européenne, un tel débat serait une première et une sacrée prise de risques ! D’abord, parce que le chef de l’État ferait ainsi, de fait, du scrutin européen un référendum pro ou anti-Macron, soit précisément ce que souhaite le RN. À l’Élysée, on considère que le président reste le principal atout de la majorité en campagne. Au vu de son impopularité actuelle, il n’est pas impossible qu’il soit aussi devenu son boulet. Le discours sur l’Europe qu’il a prononcé à la Sorbonne le 25 avril n’a produit aucun effet dans les sondages. Un duel télévisé avec Marine Le Pen volerait, de plus, la vedette à Gabriel Attal, qui s’est décidé à affronter Jordan Bardella sur France 2 dans dix jours.

La réflexion de Marine Le Pen

Marine Le Pen ne semble pas en avoir très envie. Officiellement, elle est "toujours partante" pour débattre, mais pas avant "septembre", soit après les européennes. En fait, la cheffe de file de l’extrême droite hésite. D’un côté, un tel duel télévisé lui permettrait de ne pas laisser Jordan Bardella tirer seul profit d’un succès dans les urnes le 9 juin. Marine Le Pen redoute que son protégé se sente pousser des ailes s’il dépasse le seuil de 30% des voix le 9 juin. Un tel succès, inédit dans l’histoire de l’extrême droite, pourrait lui ouvrir l’appétit pour 2027 et Marine Le Pen aurait intérêt à en revendiquer une bonne part. Mais elle conserve aussi un souvenir cuisant de ses échecs spectaculaires lors de ses deux duels télévisés face à Emmanuel Macron en 2017 et 2022.

Elle n’est pas une folle envie de remettre ça, et encore moins de se retrouver confrontée aux contradictions du projet européen du RN. Ériger Emmanuel Macron en épouvantail pour mobiliser ses troupes, mais sans oser l’affronter est sans doute une tactique plus payante. 

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