: Édito

Elections européennes : pourquoi Jean-Luc Mélenchon veut-il une liste unique de la gauche ?

Rendez-vous peut-être dès mardi, au lendemain de la mobilisation du 1er mai. Peut-être plus tard. Les quatre composantes, LFI, PS, PCF et Verts devraient se retrouver avec au menu l’amorce d’une "phase 2" de la Nupes. À gauche aussi, il s’agit de tirer les leçons de l’épisode des retraites. Malgré leur opposition virulente, les partis de gauche ne s’imposent pas comme le débouché politique de la crise sociale : c’est plutôt Marine Le Pen qui en profite.

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Et puis, ils se sont divisés sur la stratégie à l’Assemblée. Pour Jean-Luc Mélenchon, il y a donc urgence à passer outre les réticences de ses partenaires pour imposer une liste unique aux Européennes de juin 2024. Pas facile. L’Europe divise la gauche depuis longtemps, entre le fédéralisme des Verts, le souverainisme des Insoumis et des socialistes qui ne savent plus bien où ils en sont. Mais les Insoumis soulignent qu’après tout, au Parlement, les eurodéputés français de gauche votent le plus souvent ensemble. 

Masquer un échec annoncé

Et pour Jean-Luc Mélenchon, une liste unique servirait à préparer la victoire de la gauche à la présidentielle. Selon lui, si la Nupes décroche la pole position aux Européennes, cela "indiquera où le pays veut aller" en 2027. Une analyse jusque-là toujours démentie. Depuis 25 ans, il s’est produit exactement l’inverse ! À chaque fois, la liste en tête aux Européennes perd la présidentielle qui suit. Ce fut le cas du PS en tête en 1999 et 2004 et battu aux présidentielles de 2002 et 2007 ; de la droite en tête en 2009 et vaincue en 2012 ; et du FN en tête en 2014 et 2019 et battu lors des deux scrutins élyséens suivants… Bref, le résultat des Européennes n’a jamais eu aucune incidence sur une présidentielle. 

Alors pourquoi Jean-Luc Mélenchon veut-il une liste unique de la gauche ? Pour conforter son leadership affaibli et parce que les Européennes sont le pire des scrutins pour les Insoumis : 6 % seulement il y a quatre ans. Il faut donc masquer un échec annoncé. Surtout qu’il s’agit de l’élection favorite des Verts, 14 % pour Jadot en 2019. Depuis la première élection européenne, il y a 45 ans, les écologistes ont toujours concouru sous leurs propres couleurs, une stratégie le plus souvent couronnée de succès. À gauche, on sait que l’union est un combat. C’est parfois aussi un marché de dupes.