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Édito
Emmanuel Macron sait-il encore écouter les Français ?

En pleine réforme des retraites, Emmanuel Macron tente de retourner sur le terrain mais cette reprise de contact avec les Français n’est pas synonyme de débat. L'edito politique de Jean-Rémi Baudot
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron à Rungis (Val-de-Marne) le 21 février 2023. (BENOIT TESSIER / POOL VIA AFP)

Ces derniers temps, Emmanuel Macron a raréfié ses apparitions publiques. Très occupé sur l’international, il a limité ses sorties sur le terrain, au contact des Français et maintenant qu’il tente d’y retourner, c’est comme s’il n’arrivait plus à renouer le dialogue. Prenez le Salon de l’agriculture, samedi dernier. Quatorze heures passées sur place, mais ce qu’on a retenu des déambulations présidentielles, ce sont surtout des échanges tendus avec des militants reprochant au Président de ne pas en faire assez sur le climat. 

>> Salon de l'agriculture : ce qu'il faut retenir des déclarations d'Emmanuel Macron

On peut regretter que ce jeune activiste avec son t-shirt "A quoi tu sers ?" ait refusé de dialoguer avec le chef de l'Etat, mais ce qui interpelle, c’est la manière dont Emmanuel Macron a passé la fin du Salon de l’agriculture a ruminer cet échange, semblant ne pas saisir pourquoi cette jeunesse inquiète ne veut pas débattre. Cela a rappelé Jacques Chirac, en 2005, dans un débat face à des jeunes sur la construction européenne. L’ancien Président avait alors dit ne pas comprendre le "pessimisme" de la jeunesse. Jacques Chirac qui, lui, avait l’excuse du décalage de génération. 

Une communication verticale

Or, on le sait : Emmanuel Macron aime débattre. C’est peut-être même un exercice où il excelle comme on l'avait vu lors du "Grand Débat". Mais face à ces militants, la question qui se pose est plus dérangeante : le Président est-il encore capable d’entendre une opposition, d’écouter des gens qui ne sont pas d’accord avec lui ?

Depuis des mois, sa communication est verticale, du haut vers le bas, avec des discours, des vidéos Youtube... Avec les Français, il n’a pas que très peu d’échanges ou seulement des instants très cadrés et très encadrés. Rien qui ne puisse lui permettre de sentir le pays. 

Au Salon de l’agriculture comme à Rungis, l’Élysée fait tout pour que les rares sorties du chef de l'Etat soient des événements, mais ce ne sont pas des séquences de dialogues ou de débats. Ce sont des séquences de communications politiques avec un service d’ordre imposant, parfois musclés qui confond un peu trop souvent critiques politiques et mise en danger du Président. 

Qu’Emmanuel Macron juge ou non les inquiétudes des Français légitimes ou fondées, elles sont là et elles disent quelque chose sur le climat comme sur les retraites. Et pour les entendre, il faut multiplier les occasions de les écouter. Débattre, c’est prendre le risque que son propre avis puisse évoluer, sinon, c’est prendre le risque de la déconnexion.

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