Édito
Censure du gouvernement : l'avenir de Michel Barnier dépend-il du RN ou du PS ?

Le parti d'extrême droite est tenté de faire tomber le gouvernement d'ici la fin de l'année, mais sans le vote des députés PS, la motion de censure ne serait pas adoptée.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen (droite) et  Jordan Bardella (gauche) lors séminaire parlementaire du parti RN à l'Assemblée nationale, à Paris le 15 septembre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Marine Le Pen est de plus en plus tentée de faire tomber le gouvernement Barnier. Le moment venu, elle seule décidera de l’attitude de ses troupes et le couperet pourrait tomber en décembre. Pour faire adopter le budget, Michel Barnier devrait alors recourir à l’article 49.3, ce qui entraînera le dépôt par la gauche d’une motion de censure. L’extrême droite pourrait s’y rallier pour au moins deux raisons. D’abord parce que pour l’heure, les députés RN ne servent à rien. Début septembre, lors de la nomination de Michel Barnier, Jordan Bardella fanfaronnait : "Rien ne peut désormais se faire sans nous". C’est faux. Lors de la discussion budgétaire, le parti lepéniste n’a pas pesé et Marine Le Pen n’est pas consultée.  

Provoquer une crise politique aurait aussi l’avantage pour la patronne du groupe RN de détourner l’attention, de l’opinion et des médias, au moment où planera sur elle, début janvier, la menace d’une lourde condamnation pour détournement de fonds publics.

La chute du gouvernement avant Noël ?

Jean-Luc Mélenchon pronostique même déjà la date de la chute du gouvernement, entre le 15 et le 21 décembre, dit-il. Il rêve de s’offrir le scalp de Michel Barnier à Noël, car derrière le Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon a une autre cible : Emmanuel Macron. Le chef de file des insoumis a reconnu dimanche 17 novembre sur France 3 qu’il misait sur une présidentielle anticipée pour imposer sa candidature à toute la gauche. La chute du gouvernement dès la fin de l’année, alors que le chef de l’État ne peut dissoudre l’Assemblée avant juin prochain, accentuerait la pression sur l’Élysée. Ajouter du chaos au désordre, c’est donc l’intérêt commun du couple Mélenchon - Le Pen qui rêve de se retrouver face à face au second tour d’une nouvelle élection présidentielle. Même si Jordan Bardella a gaffé lundi soir sur BFMTV en jugeant que le RN ne doit jamais présenter un candidat condamné. À moins que son inconscient ait parlé, lui qui piaffe de remplacer Marine Le Pen en 2027.

La survie du gouvernement ne dépend en réalité pas de l’attitude du RN. Tout le monde le répète, mais c'est une illusion d'optique. En fait, ce sont les 66 députés socialistes qui ont la clef. Sans eux, pas de majorité pour une motion de censure. C’est pour leur mettre la pression que Jean-Luc Mélenchon annonce déjà une date. Il s’arroge leur vote, une façon d’accuser de "trahison" les socialistes qui ne se plieraient pas à sa stratégie. Sauf que pour un parti dit de gouvernement, voter la censure, ce n’est pas seulement s’opposer, c’est aussi porter une alternative pour gérer le pays. Or, il n’y a pas non plus de majorité de gauche à l’Assemblée. Reste à savoir si le jour venu, les députés PS approuveront, par réflexe pavlovien, la motion de censure. Ou s’ils s'interrogent sur les conséquences de leur vote. Et sur l’identité de ceux qui en seraient les véritables bénéficiaires.

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