Édito
IVG dans la Constitution : une répétition générale du débat sur la fin de vie ?

La majorité veut tordre le cou à l’idée reçue selon laquelle le pays se droitiserait forcément dans tous les domaines et espère pouvoir s'attaquer à une autre réforme sociétale : l'enjeu de la fin de vie.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des centaines de personnes célèbrent l'inscription de l'IVG dans la Constitution, devant la Tour Eiffel, le 4 mars 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Réunis en Congrès, lundi 4 mars, à Versailles, les parlementaires ont approuvé l’inscription de l’IVG dans la Constitution, à une très large majorité : 780 votes pour et seulement 72 contre. La France devient donc le premier pays au monde à inscrire dans sa loi fondamentale "la liberté garantie aux femmes d’avoir recours à l’IVG". "Fierté française, message universel", s’est félicité Emmanuel Macron qui a fixé la cérémonie de scellement de la Constitution, nécessaire à chaque révision du texte, à vendredi, soit le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Pour la première fois, elle sera ouverte au public. Un texte de portée historique, soutenu par une large majorité parlementaire et une opinion quasi consensuelle, voilà qui alimente au sein de la majorité l’espoir de voir aboutir une autre réforme sociétale.

Cette réforme, c'est la loi sur la fin de vie, maintes fois repoussée. Gabriel Attal a promis qu’elle serait débattue à l’Assemblée "avant l’été". Et Emmanuel Macron devrait bientôt préciser ses intentions. L’Élysée évoque une "expression prochaine". Le chef de l’État a beaucoup tergiversé. Il y a bientôt un an que la convention citoyenne sur la fin de vie a remis son rapport. Emmanuel Macron a ménagé les représentants des cultes, il les a reçus à de multiples reprises, mais sans espoir de les convaincre. L’opposition de l’Église relève du dogme, comme l’illustre l’hostilité réitérée lundi par le Vatican et la conférence des évêques de France à l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Mais cette influence est désormais marginale dans la société française.

Les trois quarts des Français favorables

L’enjeu de la fin de vie divise davantage que l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Et d’abord au sein de la communauté des soignants, dont beaucoup réclament davantage de moyens pour améliorer les soins palliatifs. Le débat porte aussi sur les conditions d’encadrement de l’aide active à mourir. Mais dans les sondages, les trois quarts des Français sont favorables au principe. Et cette réforme a aussi l’intérêt politique pour la majorité de tordre le cou à l’idée reçue selon laquelle le pays se droitiserait forcément dans tous les domaines. C’est vrai sur certains sujets régaliens ou identitaires, mais faux quant à la plupart des évolutions sociétales. "Rien ne sert de se précipiter, ce qui compte, c’est le résultat", confirme l’Élysée qui assure que "ce qui a été fait pour l’IVG et l’extension de la PMA à toutes les femmes, sera bientôt fait pour la fin de vie".

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