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Édito
Le Rassemblement national et la Russie : une longue histoire d'amour, contrariée depuis l'invasion de l'Ukraine

Une commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères dans la politique française rend un rapport sévère pour le Rassemblement national accusé d’avoir été "la courroie de transmission" de Vladimir Poutine.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, lors de son audition de la commission sur les ingérences extérieures, le 24 mai 2023 (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

"Manipulation", "Procès politique"... Marine Le Pen a fustigé sur tous les tons, jeudi 1er juin, ce document qui détaille la "proximité idéologique" du RN avec Vladimir Poutine et son soutien au dirigeant russe, notamment depuis que Marine Le Pen a reconnu dès 2014, contre l’avis de la communauté internationale, l’annexion de la Crimée.
 
Rien ne prouve factuellement dans le rapport que ce soutien est une contrepartie au prêt russe octroyé au RN, mais disons que ce fil à la pâte est particulièrement gênant. Marine Le Pen a contracté un prêt de neuf millions d’euros auprès d’une banque russe. Il a été récupéré par un oligarque proche du Kremlin, qui lui a accordé des facilités financières appréciables. "Quand vous parlez à la Russie, vous parlez à votre banquier !", lui avait balancé Emmanuel Macron lors du débat d’entre-deux tours en 2022.

Au-delà de ce lien financier, la relation entre l’extrême droite française et la Russie, c’est une longue histoire d’amour qui remonte à Jean-Marie Le Pen, sur fond d’anti-américanisme, de dénonciation de la décadence de l’Occident et de volonté commune d’affaiblir l’Union européenne.

Changement d'attitude depuis l’invasion de l’Ukraine 

Marine Le Pen a d’abord voulu cacher sa proximité avec Poutine. En février 2022, elle avait détruit à la hâte des documents électoraux où elle posait fièrement aux côtés du maître du Kremlin. À deux mois de la présidentielle, ça la fichait mal. Certes, les députés européens du RN ont approuvé trois résolutions de soutien à l’Ukraine, au tout début du conflit. Depuis, emmenés par le très poutinien Thierry Mariani, ils se sont abstenus ou ont voté contre plus de 20 fois : sur les livraisons d’armes à l’Ukraine, le soutien économique à Kiev, la libération d’Alexeï Navalny ou l’instauration d’un tribunal sur les crimes d’agression de l’Ukraine. Et à l’Assemblée, les députés RN n’ont pas approuvé la demande d’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan. Bref, uniquement des positions qui plaisent à Poutine !

La semaine dernière, en témoignant devant la commission d’enquête, Marine Le Pen a encore répété que la Crimée a toujours été russe. Ce qui lui a valu d’être couverte d’éloges par la presse russe aux ordres du Kremlin. C’était la moindre des choses.

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