Édito
Le Service national privé de financement, un nouveau fil tiré pour détricoter l’héritage de Macron ?

L’Assemblée et le Sénat ont décidé mercredi de couper les vivres au Service national universel. C’était la grande crainte d’Emmanuel Macron, car c'est tout un symbole qui est remis en cause.
Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron, le 26 juin 2024. (REMON HAAZEN / GETTY IMAGES EUROPE)

C’est un marqueur du règne Macron qui s'efface : le Service national universel (SNU) est en passe d’être enterré. L'Assemblée nationale et le Sénat ont toutes deux voté, mercredi 30 octobre, pour sa suppression dans le budget de l'État, après que la Cour des comptes a estimé son coût entre 3,5 et 5 milliards d'euros par an. La porte-parole du gouvernement a reconnu, en marge du conseil des ministres, que la situation financière telle qu’elle est aujourd’hui ne permet pas la généralisation.

Cette ambition était pourtant en gestation depuis la première campagne présidentielle, en 2017. À l’époque, Emmanuel Macron envisageait même le retour d’un service militaire universel. L'annonce avait d'ailleurs provoqué un enthousiasme très relatif de l’Armée, pour des questions déjà de coût et de logistique.

Redonner de la "cohésion" à une jeunesse "en manque de repères"

En 2019, Gabriel Attal, alors secrétaire d’État chargé de la jeunesse, met donc sur les rails le Service national universel : un stage de cohésion - avec port de l’uniforme et levée de drapeau - couplé à une mission d’intérêt général. L'objectif est de permettre à des jeunes, quelle que soit leur origine géographique ou sociale, de se rencontrer, de développer leur sens du devoir, de leur rappeler qu’ils ont un destin commun.

Puis quand Gabriel Attal entre à Matignon, une nouvelle étape doit être franchie : une généralisation en classe de seconde, pour ne pas dire obligation, après la mort de Nahel à Nanterre et les émeutes qui ont suivi. L'annonce avait été entendue lors de la grande conférence de presse destinée à redonner du souffle à son second quinquennat. Emmanuel Macron présentait cette généralisation comme une partie de la réponse globale au malaise d’une jeunesse en manque de repères. C’était le 16 janvier 2024, il y a moins d’un an. Une éternité.

Dissolution générale

Depuis Emmanuel Macron a décidé la dissolution, celle de l’Assemblée, mais aussi - et le président fait comme s’il le découvrait - celle de son pouvoir. En 2019, Gabriel Attal allait jusqu’à présenter le chantier comme "la grande réforme de société du (premier) quinquennat". Ce chantier restera donc inachevé. De quoi donner des arguments à ceux qui décrivent déjà l’ère Macron comme une parenthèse destinée à se refermer.

Quand il a refusé de nommer Lucie Castets, candidate du Nouveau front populaire, arrivé en tête aux législatives, le président de la République expliquait qu’il ne voulait pas de retour en arrière, il voulait continuer d’avancer. Retour des hausses d’impôts, réforme des retraites à retoucher, loi sur l'immigration à remettre sur le métier, postes supprimés dans l'éducation - alors qu'Emmanuel Macron en faisait "la mère des batailles". Finalement, avoir nommé Michel Barnier ne le protège pas tant que cela du risque de voir son bilan désavoué et détricoté. 

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