Édito
Législatives 2024 : l’antisémitisme n'a jamais, depuis des décennies, pollué à ce point le climat politique dans l’hexagone

La direction de la France Insoumise en choisissant d’instrumentaliser le conflit au Proche-Orient et le sort des Gazaouis à des fins électorales, a pris le risque d’alimenter la résurgence de l’antisémitisme dans notre pays.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Tag antisémite et croix gammées découverts à Danjoutin dans le Territoire de Belfort avec les inscriptions "abat les juifs" et "abat les sionistes", le 13 juin 2024. (NICOLAS JOLY2 / FRANCE BLEU BELFORT-MONTBÉLIARD)

Emmanuel Macron souhaite qu'’'un temps d’échanges" sur la lutte contre l’antisémitisme et le racisme soit organisé dans les écoles dans les prochains jours. Une déclaration qui résonne comme un appel au calme, à la trêve, après la révélation d’un nouveau drame, le viol à Courbevoie, en région parisienne, samedi 15 juin, d’une fillette juive de 12 ans par deux adolescents de 13 ans, mis en examen pour viol en réunion et violences antisémites. Cette agression a suscité une vive émotion dans la communauté juive et dans tout le pays avec également des réactions indignées du monde politique. Elle vient s’allonger au long cortège des agressions antisémites qui s‘envolent dans notre pays, plus 300% depuis le début de l’année 2024. Un contexte hélas, nié ou minimisé depuis des mois par toute une frange de la gauche radicale. 
 
Depuis le pogrom commis par le Hamas en Israël le 7 octobre, la direction de la France Insoumise a choisi d’instrumentaliser le conflit au Proche-Orient et le sort des Gazaouis à des fins électorales, au risque d’alimenter la résurgence de l’antisémitisme dans notre pays. Mercredi, Jean-Luc Mélenchon s’est dit horrifié par le "crime antisémite de Courbevoie". Mais il y a quelques jours, il expliquait que "l’antisémitisme reste résiduel" en France malgré "la propagande de l’officialité". Comme si les actes antisémites, connus et certifiés, relevaient de la propagande du pouvoir. Une attitude attisée par la nouvelle eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan et d’autres Insoumis qui s’en sont pris, tout au long de la campagne des européennes, à Raphaël Glucksmann, traité de "candidat sioniste" et complice du "génocidaire Nétanyahou" ou au député socialiste Jérôme Guedj renvoyé à sa confession juive. Jamais depuis des décennies, l’antisémitisme n’avait pollué à ce point le climat politique dans l’hexagone et jamais les Français juifs ne s’étaient sentis autant menacés. En attisant ces passions identitaires, LFI déchire la gauche. Mais elle fait au moins un heureux par mi les partis politiques : le Rassemblement national.

Le RN peut se frotter les mains


Depuis deux ans, dans l’hémicycle de l’Assemblée, et plus encore depuis le 7 octobre, le comportement des troupes de Jean-Luc Mélenchon a accéléré à vitesse grand V la normalisation de l’extrême droite. Au point que le "chasseur de nazis" Serge Klarsfeld a fini par dire qu’il préférerait voter pour un candidat lepéniste plutôt que pour un mélenchoniste. Par leurs excès, les Insoumis ont invisibilisé l’antisémitisme toujours présent de l’extrême droite et transformé le Nouveau Front populaire un épouvantail à électeurs modérés. Or, ce sont eux qui feront la décision les 30 juin et 7 juillet. Si Jordan Bardella remporte les législatives, il pourra dire un grand merci à Jean-Luc Mélenchon.

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