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Édito
Législatives 2024 : le blocage politique peut-il virer à la crise institutionnelle ?
Pas d’accord à gauche, mardi 9 juillet, sur un candidat au poste de Premier ministre, pas de majorité stable à l’Assemblée, le blocage politique peut-il virer à la crise institutionnelle et asséner le coup de grâce à une Ve République à bout de souffle ? L’instabilité promet de durer tant que ni le bloc de gauche, ni le bloc central ne seront en mesure de rallier à eux suffisamment de renforts pour approcher ou atteindre la majorité absolue de 289 sièges. L’attitude du Nouveau Front populaire résume l’impasse actuelle. La gauche supplie Emmanuel Macron de l’appeler à gouverner, mais elle est incapable de s’entendre sur un nom pour Matignon. Elle n’a que 182 députés, mais elle prétend gouverner seule, à coup de 49-3 voire de "décrets", selon Jean-Luc Mélenchon, soit exactement le reproche qu’elle faisait aux macronistes, qui disposaient de 250 députés. Elle implore les mêmes macronistes de ne pas censurer un gouvernement minoritaire, alors qu’elle-même a voté une vingtaine de motions de censure contre les gouvernements Borne puis Attal.
Changement de pratiques ou changement de textes
La tripartition, le découpage de l’hémicycle en trois blocs - gauche, centre et extrême droite - a eu raison du fait majoritaire. Dès lors, reste deux issues : soit un changement des pratiques, soit un changement des textes. Le premier nécessite que notre pays se convertisse à la culture de la coalition en vigueur chez la plupart de nos voisins européens et que les forces de gauche, du centre et de la droite acceptent de se parler et de négocier pour former une majorité. Impossible tant que la gauche ne se libère pas de la tutelle des Insoumis pour lesquels discuter, c’est déjà trahir. En assurant ne vouloir appliquer que le programme du Nouveau Front populaire, la gauche montre qu’elle a déjà oublié qu’elle doit son étroit succès au front républicain. Comme Emmanuel Macron avait oublié depuis deux ans qu’il ne devait lui aussi sa réélection qu’au même front républicain.
Reste donc le changement des textes. À défaut de changer les mœurs, une vaste réforme des institutions pour rééquilibrer les pouvoirs du président de la République et du Parlement. Elle serait accouplée à l’instauration de la proportionnelle qui pousse les partis au dialogue et à la coalition. Une VIe République que le chef de l’État pourrait enclencher via l’article 11 de la Constitution, c’est-à-dire le référendum. Le général de Gaulle y a recouru une fois avec succès pour instaurer l’élection du président au suffrage universel en 1962, avant d’échouer sept ans plus tard à réformer le Sénat et créer les régions. Une défaite qui avait causé son départ du pouvoir. C’est dire si Emmanuel Macron ne pourrait manier cet outil qu’avec précaution, pour sortir d’un long blocage, dont il pourrait imputer la responsabilité à ses opposants.
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