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Édito
Législatives 2024 : les macronistes renvoient dos à dos la gauche et l'extrême droite, au risque d'enterrer le réflexe de "front républicain"
Depuis quelques jours, la majorité concentre ses flèches sur la gauche pour survivre et permettre à ses candidats d’atteindre le second tour des élections législatives le 7 juillet. Depuis que la gauche s’est rassemblée pour présenter un candidat unique dans chaque circonscription, le cauchemar des macronistes, c’est de disparaître au soir du premier tour (le 30 juin). Un face à face s’est mis en place entre le Rassemblement national d’un côté et le Nouveau Front Populaire de l’autre.
La gauche prétend au rôle de meilleur barrage contre l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Jordan Bardella brandit l’épouvantail Jean-Luc Mélenchon pour se poser en meilleur barrage à la menace insoumise. Pour briser ce duel, Emmanuel Macron a donné le ton, sans faire dans la nuance, en dénonçant le programme "immigrationniste" de la gauche ou sa promesse de pouvoir "changer de sexe en mairie". En politique, ce genre d’arguments, on appelle ça du "gros rouge qui tâche"… Gabriel Attal, Bruno Le Maire, ou Édouard Philippe, usent des mêmes ficelles de façon un peu plus subtile, en pointant les risques "des extrêmes" dont les programmes économiques dépensiers ruineraient la France, "deux dangers mortels pour la société", ose François Bayrou. Édito.
Ne pas disparaître au premier tour
En renvoyant dos-à-dos RN et Nouveau Front populaire, la majorité prend le risque d'enterrer le réflexe de "front républicain" face au RN. Comment convaincre des électeurs de gauche de venir voter au second tour pour des candidats macronistes après avoir chargé à ce point le Nouveau Front populaire au premier. Mais cette campagne express, menée dans l’urgence, ne supporte guère la nuance. Elle entraîne de violents coups de volant. Les macronistes changeront à coup sûr de ton vis-à-vis de la gauche dans neuf jours, au soir du 30 juin. En attendant, leur disparition au soir du premier tour arrangerait le Rassemblement national.
Les études d’opinion montrent que les candidats du bloc central macroniste, si faible au premier tour, sont les mieux placés pour battre l’extrême droite en cas de qualification au second. À l’inverse, bien placés pour franchir le premier tour dans la plupart des circonscriptions, les candidats de gauche, et plus encore les Insoumis, sont les plus faciles à battre par le RN au second. Le double piège de la tripartition et du scrutin majoritaire à deux tours est en train de se refermer sur la majorité, pour le plus grand bonheur de Jordan Bardella.
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