Édito
Nomination du Premier ministre : à quoi joue François Hollande ?

L'ancien président de la République n'a pas publiquement soutenu la candidature de Bernard Cazeneuve lorsque son nom circulait pour Matignon. Ce qu'il avait pourtant fait pour celle de Lucie Castets.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
François Hollande, député de la première circonscription de Corrèze, le 14 mai 2017. (ST?PHANE GEUFROI / MAXPPP)

L’attitude de François Hollande au cours des tractations qui ont abouti à la nomination du Premier ministre a déçu certains élus socialistes, début septembre. Ceux qui s’opposent à la ligne du Premier secrétaire Olivier Faure et qui espéraient la nomination à Matignon de Bernard Cazeneuve. Au moment où Emmanuel Macron hésitait, son prédécesseur n’a pas eu un mot pour son dernier Premier ministre. François Hollande et Bernard Cazeneuve, ce sont des années de complicité au sommet du pouvoir, le second fut en quelque sorte le couteau suisse du quinquennat du premier : aux Affaires européennes, au Budget, à l’Intérieur et enfin à Matignon, Bernard Cazeneuve a servi fidèlement le président Hollande. Et au moment décisif, celui-ci n’a pas renvoyé l’ascenseur.

Quelques semaines plus tôt, François Hollande avait pourtant soutenu publiquement la candidature de Lucie Castets, il ne l’a pas fait pour Bernard Cazeneuve. Il aurait certes plaidé sa cause auprès d’Emmanuel Macron lors de leur tête à tête à huis clos à l’Élysée, mais il s’est bien gardé de le répéter dans les médias. 

La présidentielle de 2027 toujours en tête

Son soutien allait de soi. C’était même "évident" dit François Hollande. Après la nomination de Michel Barnier, il a joué l’innocent : "Est-ce que j'avais besoin de dire que Bernard Cazeneuve, mon ami, avait mon soutien ?". Ben oui, ça va mieux en le disant… Surtout dans un contexte aussi incertain puisque rappelons qu’une très courte majorité du bureau national du PS, 38 voix contre 33, a refusé de soutenir Bernard Cazeneuve. La parole de François Hollande aurait sans doute pesé lourd et délié d’autres langues. Après coup, l’ancien chef de l’Etat a même affirmé qu’il "n’était pas imaginable que le groupe Parti Socialiste participe à une censure de Bernard Cazeneuve". Mais il n’a rien fait pour écarter cette menace.

François Hollande rêve toujours de se présenter à la prochaine présidentielle, comme il vient de le répéter dans l’émission Quotidien. Il ne veut donc pas fâcher les Insoumis. C’est pour ça qu’il s’est fait réélire député de Corrèze sous la bannière du Nouveau Front populaire. Il a même ingurgité sans rechigner le programme du NFP qui ressemble à un réquisitoire de son quinquennat : sur la retraite à 60 ans, le refus du pacte budgétaire européen, la proportionnelle et plein d’autres mesures, le député Hollande prône désormais tout ce que le président Hollande refusait de faire. Reste une question : lequel peut-on croire ?

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