Édito
Pour quelles raisons François Bayrou propose-t-il de revenir sur l'interdiction du cumul des mandats ?

Face au conseil municipal de la commune de Pau dont il est maire depuis 10 ans, le nouveau Premier ministre a qualifié d'"erreur" l'interdiction du cumul des mandats pour les parlementaires, une règle établie en 2014 sous la présidence de Ffançois Hollande.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
François Bayrou Premier ministre préside le dernier conseil municipale de Pau de l'année 2024. (ASCENCION TORRENT / MAXPPP)

François Bayrou veut revenir sur l’interdiction du cumul des mandats. Le Premier ministre a fait cette annonce, lundi 16 décembre dans la soirée, depuis le lieu emblématique de son identité politique, le conseil municipal de sa ville de Pau, dont il est maire depuis dix ans. François Bayrou critique depuis longtemps l’interdiction du cumul des mandats, une "erreur" qu’il faut corriger selon lui. 

C’est une loi de 2014, votée sous François Hollande, qui interdit le cumul entre une fonction de parlementaire - député, sénateur, député européen - et un exécutif local, c’est-à-dire maire, président ou vice-président d’un conseil départemental ou régional. Le patron du MoDem n’est pas concerné directement, un Premier ministre peut rester maire, même si Édouard Philippe et Jean Castex avaient lâché leur mandat. François Bayrou veut donc rouvrir ce débat lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée. 

La légitimité des élus nationaux

L’argumentaire est rodé : l’interdiction du cumul aurait aggravé la crise de la représentation politique en éloignant les élus de leurs électeurs. Selon François Bayrou, la loi a dressé comme un barrage, un "mur de verre", dit-il, entre les citoyens et leurs représentants. À cause du non-cumul, les parlementaires nationaux, dépourvus d’expérience de gestion locale, auraient perdu contact avec les problèmes de la vie quotidienne des Français. Une critique qui trouve un écho croissant à mesure que l’opinion remet en cause la légitimité des élus nationaux, plus encore depuis le mouvement des gilets jaunes. "Il faut réenraciner les responsabilités politiques dans les villages et dans les villes", insiste donc François Bayrou, oubliant qu’un parlementaire peut être en même temps conseiller municipal, départemental ou régional. Surtout, le Premier ministre ne brandit pas cette proposition à un moment choisi au hasard.

Elle apparaît, en creux, comme une critique implicite de sept ans de macronisme. Depuis 2017, celui-ci est souvent accusé d’avoir porté à l’Assemblée comme au gouvernement, des responsables un peu "hors sol", un rien techno, des hauts fonctionnaires surdiplômés ou des cadres dirigeants du privé dépourvus d’ancrage local. Bayou le Béarnais marque sa différence. Et puis au moment où le Premier ministre drague les groupes parlementaires qu’il reçoit à Matignon pour essayer de conforter son assise politique, plaider pour le retour du cumul, c’est sans doute une bonne idée qui pourrait bien faire grimper sa cote chez les parlementaires.

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