"À la recherche de poids lourds", respect des "équilibres politiques" et crise à Mayotte... Pourquoi l'annonce du nouveau gouvernement de François Bayrou risque de prendre du temps
"Opération gouvernement" pour François Bayrou. Trois jours après sa prise de fonction, le nouveau Premier ministre démarre lundi 16 décembre un nouveau cycle de consultations à Matignon. François Bayrou va ainsi recevoir toutes les formations politiques dans l'ordre décroissant de leur poids à l'Assemblée... sauf les Insoumis qui ont refusé l'invitation.
Il commencera par la présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, qui a fustigé dimanche une "méprisable coalition des contraires" mais ne censurera pas "a priori", accompagnée par le président du parti, Jordan Bardella. Ces derniers avaient déploré ne pas avoir été reçus assez tôt par l'ancien Premier ministre Michel Barnier.
L'objectif de ces consultations pour François Bayrou est simple : se trouver des alliés ! Et il a déjà passé beaucoup de temps au téléphone ce week-end. Le nouveau Premier ministre a notamment échangé avec les socialistes qui seront reçus ce matin à Matignon.
"Il veut respecter les équilibres politiques"
Il va devoir convaincre la gauche, tout comme les LR, d'accepter ce pacte de non-censure qui permettrait au nouveau gouvernement de ne pas être renversé ces prochains mois. Le problème, c'est que François Bayrou va devoir jongler avec les exigences parfois contradictoires de la droite et de la gauche. Le PS, par exemple, ne veut pas d'une nouvelle loi immigration, très chère aux LR.
En parallèle, le Premier ministre doit s'atteler cette semaine à la formation du nouveau gouvernement. "François Bayrou est à la recherche de poids lourds, des ministres d'expérience et dans le même temps, il veut respecter les équilibres politiques", croit savoir l'un de ses proches. Selon plusieurs conseillers, le nouveau chef du gouvernement aurait, par exemple, des échanges depuis plusieurs jours avec l'ancien maire socialiste de Dijon, François Rebsamen.
Mais la situation à Mayotte risque bien de retarder la nomination du futur gouvernement. Samedi soir, à peine sorti d'un rendez-vous avec Gérard Larcher, le président du Sénat, François Bayrou a du prendre la direction de la place Beauvau pour présider une longue réunion de crise après les ravages provoqués par le cyclone Chido sur l'archipel français de l'océan Indien.
"Le temps passe et les marchés nous regardent"
Autour de la table, une dizaine de ministres démissionnaires, dont certains sont d'ailleurs très ouvertement candidat à leur succession. Au premier rang duquel Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur. Tout ça n'était évidemment pas prévu. "L'impact de la gestion de crise à Mayotte sur l'emploi du temps du Premier ministre est énorme", explique Matignon. Avant de préciser : "François Bayrou y consacre beaucoup de temps".
D'ailleurs, les ministres démissionnaires de l'Intérieur et des Outre-mer, Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, sont attendus lundi en fin de matinée dans le département le plus pauvre de France, où les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts.
Alors, même si François Bayrou veut aller vite, il aura sans doute du mal à annoncer la composition complète de son gouvernement avant la trêve de Noël. Procèdera-t-il en deux temps comme l'ont fait certains de ses prédécesseurs en nommant d'abord les ministres de premier rang ? "Ce serait bien car le temps passe et les marchés nous regardent", souffle un conseiller à Bercy. Et pour cause : même si une loi spéciale doit être débattue lundi à l'Assemblée, la France n'a toujours pas de budget pour 2025. Un dossier brûlant de plus sur le bureau du Premier ministre.
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