Édito

Pour quelles raisons Gérald Darmanin joue-t-il profil bas ?

Parmi les poids lourds du gouvernement, il en est un qui se fait discret durant ce printemps 2024, c’est Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur s’est acheté une conduite. Il joue au bon élève, le doigt sur la couture du pantalon et il faut reconnaître que l’on n’était pas habitué. Même certains de ses collègues du gouvernement s’en étonnent. En janvier, il s’était quasiment autorenommé place Beauvau en traitant directement avec Emmanuel Macron, une façon de snober Gabriel Attal, le petit jeune qui déboulait à Matignon. Au sein du gouvernement d’Élisabeth Borne, Gérald Darmanin ruait dans les brancards et outrepassait largement son périmètre pour intervenir sur tous les sujets, ou presque. L’été dernier, il avait même fait le forcing pour tenter de lui succéder à Matignon.

Si Gérald Darmanin est rentré dans le rang, c'est d’abord parce qu’il est sorti éreinté de la tumultueuse séquence de la loi immigration en décembre. Froissé avec une partie du groupe Renaissance, il est devenu la tête de Turc des députés LR et du tandem dirigeant Éric Ciotti-Olivier Marleix, qui ont eu le sentiment de s’être fait berner. Ensuite parce qu’au sein du gouvernement, le poste de bon élève est vacant. Bruno Le Maire a endossé le rôle de la forte tête en sonnant l’alerte sur les déficits publics. Son discours anxiogène a même fini par fâcher l’Élysée. Quant à Gabriel Attal, il s’est affranchi un peu vite de la tutelle de son supérieur. Gérald Darmanin peut donc être loyal pour deux, et même pour trois. Et prendre soin de cultiver son lien direct avec Emmanuel Macron. Tellement loyal qu’il va même enchaîner quelques réunions publiques de soutien à la tête de liste de la majorité aux européennes, Valérie Hayer. 

Focalisé sur les Jeux olympiques et paralympiques

Le ministre de l’Intérieur a une mission capitale, les JO bien sûr. Gérald Darmanin veut montrer qu’il est entièrement concentré sur cet objectif. Il sait qu’il sera jugé sur le bon déroulement de l’événement et qu’une bonne partie de son avenir politique en dépend. Il était d’ailleurs en déplacement lundi 22 avril au Maroc pour vanter l’efficacité de la coopération franco marocaine dans la lutte antiterroriste à l’approche des Jeux. À en croire ses soutiens, le ministre de l’Intérieur n’aurait qu’une seule date en tête, le 26 juillet, jour de la cérémonie d’ouverture. Et en aucun cas, la présidentielle de 2027. Enfin, à force de faire du zèle, il arrive aussi que les bons élèves finissent par passer pour des fayots un peu suspects.