Édito
Procédure de destitution d'Emmanuel Macron : la gauche se tire-t-elle une balle dans le pied ?

Les députés PS ont décidé lundi de voter en faveur de l'examen en commission de la proposition LFI de destitution d'Emmanuel Macron, mais voteront ensuite contre son adoption à l'Assemblée nationale. Le Parti socialiste prend le risque de s’éloigner un peu plus de son ancienne culture de gouvernement.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jean-Luc Mélenchon (à gauche) et Olivier Faure venus soutenir les candidats de la Nupes à Caen pour les élections légilsatives de 2022, le 8 juin 2022. (VINCENT MICHEL / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

Le bureau de l’Assemblée se prononce, mardi 17 septembre au matin, sur la recevabilité de la motion de destitution d’Emmanuel Macron. La procédure sera enclenchée puisque toute la gauche, qui est majoritaire au bureau de l’Assemblée, votera en sa faveur. Une fois encore les socialistes n’ont pas voulu fâcher Jean-Luc Mélenchon. Leurs trois députés, dont les voix sont décisives, approuveront donc la recevabilité de la motion déposée par les insoumis, tout en souhaitant… son échec ! Ou quand le grand écart vire au cynisme. 

Les socialistes répètent en effet dans un communiqué qu’ils sont "tous résolument opposés à cette procédure". Ils s’y opposeront donc "unanimement" disent-ils, mais seulement lors de son examen en commission des lois, puis en séance publique. À moins bien sûr qu’un nouveau coup de gueule de Jean-Luc Mélenchon ne les fasse flancher d’ici là. De toute façon, l’échec de cette motion est inéluctable, car il faudrait d’abord que le Sénat reprenne la même motion, et qu’à terme, celle-ci soit approuvée dans chacune des deux chambres à la majorité des trois cinquièmes.

La stratégie protestataire de LFI

La gauche veut ainsi maintenir la pression sur Emmanuel Macron. Il s’agit d’entretenir la polémique. En cela, la France Insoumise est fidèle à sa stratégie, celle de vouloir "tout conflictualiser", comme le répète Jean-Luc Mélenchon, à l’Assemblée comme dans la rue où LFI appelle à manifester. En revanche, en se laissant embarquer dans cette stratégie protestataire, le PS, qui a déjà plombé les chances de Bernard Cazeneuve pour Matignon, prend le risque de s’éloigner un peu plus de son ancienne culture de gouvernement.


 Le déroulement de cette procédure pourrait affaiblir Emmanuel Macron ou, au contraire, le renforcer. Si la gauche se laisse emporter par les outrances verbales des insoumis, elle pourrait apparaître comme le camp du désordre, celui qui veut attiser le chaos politique, et conforter Emmanuel Macron comme un pôle de stabilité. Une procédure vouée à l’échec ne menace guère le président de la République. En fait, la gauche se trompe d’outil.

Le Nouveau Font populaire plaide pour une VIe République plus parlementaire. Il devrait savoir que la légitimité du gouvernement Barnier se jouera à l’Assemblée. C’est si les députés font chuter un, ou plusieurs gouvernements successifs, qu’Emmanuel Macron pourrait vite se retrouver acculé, voire contraint à la démission. La procédure de destitution victimise le président de la République transformé en cible, la censure du gouvernement en ferait à l’inverse le responsable du blocage.

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