Édito
Procès des assistants parlementaires du FN : Marine Le Pen imite Donald Trump

Après le réquisitoire au procès des assistants parlementaires, Marine Le Pen délaisse la notabilisation pour la trumpisation. Elle a décidé de tenter de dresser le peuple contre un prétendu "gouvernement des juges", comme le fait le 47e président des États-Unis.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen au procès des assistants parlementaires du FN,  à Paris, le 13 novembre 2024. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Fâchée des lourdes réquisitions prononcées à son encontre au procès des assistants fictifs du RN, mercredi 13 novembre, Marine Le Pen change de ton. Un sacré tête à queue ! Finie la stratégie de notabilisation, oubliée la "dédiabolisation", enterrée la consigne donnée à ses troupes à l’Assemblée de se comporter en premiers de la classe, la raie sur le côté et la cravate bien alignée, Marine Le Pen lance l’assaut contre la justice et les institutions. Haro sur ces magistrats qui veulent empêcher, selon elle, les Français de voter comme ils l’entendent en lui infligeant une peine d’inéligibilité. Un hashtag "Je soutiens Marine Le Pen" lancé sur X par le RN, une pétition en ligne pour s’indigner d’un "procès politique" et tous ses fidèles qui se relaient pour dénoncer le "système" qui prétend bâillonner leur championne. En un instant, le parti d’extrême droite a renoué avec sa radicalité populiste d’antan. Chassez le naturel, il revient au galop ! 

En fait, Marine Le Pen se trumpise ! Avec là aussi, un sacré revirement. Durant la campagne américaine, contrairement à 2016, elle s’est soigneusement tenue à l’écart d’un candidat républicain devenu trop violent, trop sulfureux. Sauf que Donald Trump a gagné en se radicalisant, en insultant les journalistes et en menaçant les juges. Il a porté ses condamnations comme des médailles et mis en scène son duel avec les magistrats. Marine Le Pen a décidé de l’imiter en tentant de dresser le peuple contre un prétendu "gouvernement des juges".

Une stratégie en contradiction avec la volonté de dédiabolisation


À court terme, pour galvaniser ses soutiens et faire grimper un peu sa cote, il est possible que ça marche. La victimisation est une tactique éprouvée et les magistrats ne sont pas très populaires, pas plus que les journalistes, par exemple, autre cible appréciée des populistes. D’ailleurs Jean-Luc Mélenchon a lui aussi critiqué hier sur X "l’action de la justice" et mis en garde contre une peine d’inéligibilité trop précoce qui pourrait, selon lui, "aggraver la crise politique". Mais le souci pour Marine Le Pen, c’est que sa trumpisation risque de ruiner ses efforts de notabilisation.

En dénonçant la sévérité des magistrats, elle contredit ses diatribes habituelles  contre le "laxisme judiciaire". Surtout, il n’est pas dit que la violence de ses propos améliore l’humeur des juges à son égard. Rappelons que Marine Le Pen n’est pas encore condamnée. Le dernier candidat à l’Élysée à avoir mis en cause avec autant de virulence l’impartialité des juges, c’est François Fillon. Et cela ne lui a pas vraiment réussi.

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