"On ne se laissera pas faire" : comment le RN prépare sa riposte après les réquisitions du parquet au procès des assistants parlementaires

Marine le Pen est désormais sous la menace d'une peine d'inéligibilité. Le RN entend se défendre ces prochaines semaines dans le prétoire, envisage déjà de faire appel et rôde un discours autour de l'idée d'"un procès politique".
Article rédigé par Pierrick Bonno
Radio France
Publié Mis à jour
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Marine le Pen, le 13 novembre 2024, au tribunal de Paris. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

De très lourdes réquisitions à l'encontre de Marine Le Pen dans le procès des assistants parlementaires d'eurodéputés FN. Le parquet a réclamé, mercredi 13 novembre, cinq ans de prison, dont deux ferme, contre l'actuelle patronne des députés du RN, jugée avec 24 autres prévenus au tribunal de Paris. Surtout, le procureur a requis une peine d'inéligibilité de cinq ans avec exécution provisoire, ce qui signifie que Marine le Pen ne pourrait pas se présenter en 2027 si le tribunal suivait ces réquisitions, même en cas d'appel. Le parti d'extrême droite a vivement réagi, dénonçant un "procès politique" par la voix de plusieurs de ses membres.

Le RN dénonce "acharnement et vengeance"

Après quasiment dix heures d’audience, pas un mot dans la salle à l’annonce des peines requises. Marine Le Pen a le visage figé. Quelques mots échangés avec ses avocats et la patronne des députés du RN contre-attaque quelques minutes plus tard, devant les caméras. "Ce n'est pas une surprise. Je me suis fait mon opinion au bout de quelques jours d'audience, à laquelle j'ai participé quasiment tous les jours. Je note que le parquet est extrêmement outrancier dans ses réclamations. Notamment la réclamation de l'exécution provisoire dont il veut frapper l'ensemble de ceux qui sont poursuivis, y compris des assistants qui pour certains n'ont jamais eu aucune responsabilité politique".

Sur le réseau social X, Jordan Bardella dénonce des réquisitions scandaleuses et une atteinte à la démocratie. "Le parquet n’est pas dans la justice, il est dans l’acharnement et la vengeance à l’égard de Marine Le Pen", écrit le président du Rassemblement national. Jordan Bardella le sait : si jamais le tribunal venait à suivre les réquisitions, il serait sans doute propulsé candidat à la prochaine élection présidentielle.

Une riposte au tribunal et dans la communication

Le Rassemblement national compte riposter d'abord dans le prétoire, les deux prochaines semaines, avec les plaidoiries de la défense. Puis, il faudra attendre plusieurs mois avant que la justice rende son délibéré. Si le tribunal suit les réquisitions, Marine Le Pen a déjà prévenu qu’elle ferait appel. "Je suis ébahi, ébahi et indigné", s'est exclamé Bruno Gollnisch, ex-eurodéputé et ex-numéro du FN, jeudi matin sur franceinfo. Le député RN Jean-Philippe Tanguy, qui était présent au tribunal, a dénoncé sur France 2 "des réquisitions complètement irrationnelles, qui sont inversement proportionnelles au dossier, un dossier totalement vide".

Il y aura aussi une bataille de l'opinion. Une pétition a d'ailleurs été lancée en ligne par le Rassemblement national.

L’expression "procès politique" revient de plus en plus dans la bouche des élus du Rassemblement national. Un conseiller de Marine Le Pen prévient : "On ne se laissera pas faire". Avant de prédire : "Si on est condamnés, les juges vont légitimer notre rôle d’opposants et on prendra dix points aux prochaines législatives". Quant à la possibilité que Marine Le Pen ne puisse pas se présenter en 2027, celle-ci inquiète évidemment ses soutiens. "Dans notre démocratie, ce n’est pas aux juges de décider d’une élection, mais au peuple", s’énerve un député qui relativise : "Abattre Marine Le Pen ne suffira pas s’ils veulent nous couler. Il faudra aussi abattre Jordan Bardella."

L'ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a quant à lui apporté un soutien inattendu au RN. Il a estimé mercredi soir sur X qu'"il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et, ainsi, ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français." "Combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs", affirme Gérald Darmanin.

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