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Édito
Réforme des retraites : dans les coulisses de relations très tendues entre Laurent Berger et Emmanuel Macron
Si Élisabeth Borne espérait fissurer le front syndical, pour l’heure, c’est raté ! Laurent Berger l’a martelé mardi à sa sortie de Matignon : pas question d’approuver le report de l’âge légal de départ en retraite, que ce soit à 64 ou 65 ans, une réforme "injuste", et les mesures "les plus dures sur les retraites depuis trente ans" répète-t-il. Dans ce cas, la CFDT appellera les Français à descendre dans la rue aux côtés des autres organisations, dont la CGT. Une opposition sans concession qui est aussi le résultat d’une mésentente entre Laurent Berger et Emmanuel Macron.
Depuis 2015
Les deux hommes ne s’apprécient pas, et ça ne date pas d’hier. Cela remonte à 2017, et même à 2015 quand Emmanuel Macron était encore à Bercy. Et la mésentente ne fait que s’aggraver. Le candidat Macron se revendiquait volontiers de l’héritage de la "deuxième gauche" et de Michel Rocard. Et depuis 2017, Laurent Berger a souvent eu le sentiment d’être floué par un chef de l’Etat peu soucieux de dialogue social. Sous le premier quinquennat, il était par exemple favorable à la réforme systémique des retraites, le fameux système universel par points. Et il s’est senti trahi par l’introduction d’une mesure d’âge, l’âge-pivot à 64 ans ajouté par Édouard Philippe avec l’accord de l’Élysée. Et la réforme de l’assurance-chômage, combattue par la CFDT, a envenimé la situation.
Le chef de l’Etat et le leader de la CFDT n'ont pas des contacts réguliers, ils ne se parlent que très peu. Depuis 2017, Emmanuel Macron n’a accordé à Laurent Berger qu’une poignée de tête-à-tête. Rien à voir avec le climat sous son prédécesseur. À l’époque de François Hollande, le secrétaire général de la CFDT avait quasiment table ouverte à l’Élysée.
Et c’est un des nombreux reproches qu’Emmanuel Macron faisait à François Hollande : il déplorait une forme de cogestion qui conduisait, selon lui, à l’immobilisme. Emmanuel Macron a, lui, parfois remis en cause la fiabilité de la CFDT, encore récemment lors des grèves à la SNCF. Il doute aussi de sa représentativité. Au risque, à force de contourner ce syndicat réformiste, de se retrouver sans interlocuteur crédible, et de se heurter à une contestation basiste plus rude et plus difficile à désamorcer.
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