Édito
Menace de motion de censure : qui veut réellement prendre la place de Michel Barnier ?

Face aux menaces de censure brandies par la gauche et l'extrême droite, Michel Barnier a estimé jeudi que les Français souhaitaient plutôt "la stabilité, la sérénité". Une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale n'étant pas envisageable avant juin, un autre Premier ministre se retrouverait, comme lui, sans majorité pour gouverner.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre Michel Barnier lors du 106e Congrès des maires organisé par l'Association des maires de France (AMF), à Paris, le 21 novembre 2024. (THOMAS SAMSON / AFP)

La menace du vote d’une motion de censure se précise. Michel Barnier l’a même évoqué jeudi 21 novembre devant le congrès des maires de France. Et vous savez quoi ? Même pas peur ! Le Premier ministre ne craint rien. C’est même "assez motivant de se dire qu’on peut partir demain", a-t-il lâché en plaisantant. Il y a quelques jours, il répétait qu’il ne s’était "pas roulé par terre pour décrocher Matignon".

Désintéressement, dévouement, flegme. À 73 ans, Michel Barnier répète qu’il n’a aucune ambition présidentielle, et il n’y a pas de risque que sa cote de popularité le fasse changer d’avis. Il n’est donc là que pour servir. Bref, ce ne sont pas les rodomontades de Marine Le Pen, qu’il recevra la semaine prochaine, comme tous les présidents des groupes parlementaires, qui vont le perturber. En fait, le Premier ministre n’a pas beaucoup d’atouts. Alors, pour essayer de durer, il fait du judo.  



Certes, Michel Barnier n’est pas Teddy Riner, j’en conviens. Mais comme certains judokas, il joue sur la force de l’adversaire, réputé plus costaud, pour y puiser l’énergie nécessaire pour le renverser. L’addition des députés de gauche et d’extrême droite forme une majorité absolue. Sauf que c’est une  "coalition des contraires" a-t-il glissé jeudi. Elle peut le faire chuter, pas le remplacer. Ce message pointant l’incohérence de cette alliance s’adresse surtout aux députés socialistes qui n’auraient aucun intérêt à voir tomber le gouvernement Barnier en décembre. D’où l’autre argument qu’avance le Premier ministre : "La stabilité, la sérénité" que "souhaitent", selon lui les Français.

Des circonstances délicates 

Pour l’heure, on ne voit pas bien quelle pourrait être la solution de rechange. Emmanuel Macron ne peut pas dissoudre l’Assemblée avant juin. Vous vous souvenez de ce jeu télévisé, "Tout le monde veut prendre sa place !". Michel Barnier, c’est le contraire. Personne ne veut lui piquer son job. Il faut dire que diriger un gouvernement quand on n’a pas de majorité, que les caisses de l’État sont vides, le pays surendetté, que le "socle commun" supposé pour vous soutenir n’est pas un socle, et qu’il n’y a pas grand chose de commun entre ses composantes macroniste et de droite, disons qu’il y a plus paisible comme boulot.

Certes les rivalités des présidentiables de son camp le fragilisent. Sauf que Michel Barnier sait aussi qu’un Premier ministre faible, esseulé et impopulaire, ça arrange Gabriel Attal, Laurent Wauquiez, Édouard Philippe et les autres. Et que cela pourrait lui permettre de faire durer encore un peu son intérim à Matignon.  

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