Édito
Budget 2025 : le gouvernement lâche du lest sur la revalorisation des retraites

Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine à l'Assemblée, a assuré, lundi, avoir trouvé un compromis avec le gouvernement pour que "toutes les retraites" soient revalorisées de la "moitié de l'inflation" dès le 1er janvier, avec un second rattrapage pour les plus petites six mois plus tard.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre français Michel Barnier prononce une allocution lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 5 novembre 2024. (THOMAS SAMSON / AFP)

Le gouvernement renonce finalement à repousser de six mois la revalorisation des retraites. Michel Barnier souhaitait décaler de six mois (du 1er janvier au 1er juillet) l’indexation des retraites sur l’inflation. Le Premier ministre estimait l’économie ainsi réalisée à 4 milliards d’euros, une mesure intégrée au projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui était rejetée y compris par les soutiens LR et macronistes de la coalition qui soutient le gouvernement. Ceux-ci ont eu gain de cause. C’est le président du groupe Droite républicaine à l'Assemblée, Laurent Wauquiez, qui a annoncé le recul du Premier ministre, lundi 11 novembre sur TF1. Il s’est réjoui du compromis trouvé avec le gouvernement pour que "toutes les retraites" soient revalorisées de la "moitié de l'inflation" dès le 1er janvier. Il y aura ensuite un rattrapage six mois plus tard pour les plus petites retraites. 


Les retraités sont donc gagnants. Laurent Wauquiez a pris en exemple, celui d’une retraitée, aide-soignante touchant 1000 euros de retraite par mois. Selon lui, avec cet aménagement, elle va gagner 200 euros sur l’année. Reste à savoir comment sera financée cette revalorisation dont le coût est estimé entre 500 millions et un milliard d'euros. La piste évoquée par Laurent Wauquiez, celle des économies générées par la fusion de certains organismes publics comme France Stratégie, le Haut-commissariat au Plan, France 2030, et le Centre d'études prospectives est assez incertaine, et surtout lointaine, sans économies immédiates. Mais sans doute que l’essentiel dans cette annonce est politique bien plus que financier.  

Le gouvernement doit négocier avec ses troupes 

Voir un président de groupe annoncer une telle mesure plutôt que le Premier ministre, c’est inédit. Mais tout est inédit dans la période politique que nous vivons. Le gouvernement n’a pas de majorité à absolue à l’Assemblée. Il s’appuie sur ce que Michel Barnier appelle un "socle commun, composé" du bloc central macroniste et du groupe de droite présidé par Laurent Wauquiez. Pour avancer, il doit forcément échanger, discuter, négocier avec ses troupes. Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin avait laissé entendre il y a quelques jours que le gouvernement pourrait bouger sur les retraites et Bercy a confirmé lundi soir que cette annonce était "le fruit d'un travail" commun. Au passage Laurent Wauquiez peut se réjouir de tirer un peu la couverture à lui et rassurer l’électorat des retraités, un enjeu capital.

Le gouvernement coupe l’herbe sous le pied du Rassemblement national et de la gauche qui étaient vent debout contre le gel des retraites. La manœuvre est donc habile, comme une preuve de vie du "socle commun". Et si finalement, la méthode Barnier ne fonctionnait pas si mal ?

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.