Européennes 2024 : Jordan Bardella ne parle que d'Emmanuel Macron dans sa campagne
En tête dans les sondages d’intentions de vote, Jordan Bardella veut faire des élections européennes un test national. Dans ce but, le candidat d’extrême droite a une stratégie : parler le moins possible d’Europe et le plus possible d’Emmanuel Macron. Il a d’ailleurs tenté de la perpétuer jeudi 3 mai au soir, tout au long du débat qui l’opposait sur BFM-TV à son adversaire de la majorité, Valérie Hayer.
Cela n'a pas été simple évidemment, puisque Valérie Hayer s’est appliquée à le ramener sur les dossiers européens. Alors, en réponse, Jordan Bardella a peint une France en proie au chaos, à "l’ensauvagement", à la "submersion migratoire" et récité une litanie de punchlines, en appelant sur tous les tons à "sanctionner" à la fois "la politique de Macron", "le bilan de Macron", "l’Europe de Macron" etc. Autant de façons de ne surtout pas parler d’Europe.
Le RN et l'Europe, des propositions floues
On pourrait se demander pourquoi il tient tant à éviter le sujet. Au bout de 5 ans de mandat de député européen, il présente un bilan personnel famélique à Strasbourg, où il a surtout brillé par son absence. Ensuite parce que les votes des élus lepénistes au Parlement européen sont souvent contraires aux prises de position du parti. Ainsi se sont-ils systématiquement opposés au renforcement des moyens de Frontex, l’agence de protection des frontières européennes. Comme le RN vient d’ailleurs de voter contre le pacte Asile et migrations pourtant approuvé, notamment, par la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni. En fait, au fil du temps, le projet européen du RN est devenu très flou.
Jordan Bardella défend ce qu’il appelle une "Europe des Nations". Cela passe, selon lui, par une reprise en main des frontières, mais sans sortir de l’espace Schengen de libre circulation des personnes. Une sorte "d’Europe à la carte", où la France pourrait déroger aux règles communes, et d’abord en matière migratoire. Mais il n’est plus question de quitter l’Union européenne et l’euro. En 2016, Marine Le Pen applaudissait le vote des Britanniques en faveur du Brexit. Huit ans après, le Royaume-Uni paye son échec et le RN a officiellement changé d’avis, pour tenter de rassurer l’opinion et en particulier, sa nouvelle cible électorale, les retraités.
Au fond, sur l’Europe, le parti d’extrême droite est devenu le parti du "en même temps". En même temps très "contre" et un petit peu "pour", en même temps dehors et un peu dedans, bref, le parti du flou, et quand c’est flou, il y a souvent un loup.
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