"C'était le risque" : le discours d'Emmanuel Macron compté comme du temps de parole dans la campagne pour les élections européennes
Le discours de 1h48 d'Emmanuel Macron sur l'Europe, diffusé en intégralité sur les chaînes info jeudi 25 avril, est à comptabiliser comme du temps de parole pour son camp, aux élections européennes, et non pas comme un discours institutionnel de président. La communication de l'Élysée, qui expliquait en amont que ce n'était pas "un discours de campagne, mais celui d'un chef de l'État qui veut influer sur l'agenda de la prochaine commission européenne", n'a manifestement pas convaincu l'Arcom.
Selon le régulateur de l'audiovisuel, "si les propos du président n'exprimaient pas un soutien explicite à la liste conduite par Madame Valérie Hayer, ils présentaient néanmoins, dans leur intégralité, un lien direct avec l'élection". Un conseiller d'Emmanuel Macron "respecte" la décision mais "maintient que ce n'était pas un discours électoral".
Une sanction, "très sévère"
Il faut dire que les macronistes eux-mêmes étaient ambigus vis-à-vis de ce discours. Ils misaient sur ce moment à la Sorbonne pour booster la campagne, en jouant un peu sur les deux tableaux : discours de président et d'agent mobilisateur pour Valérie Hayer. "C'était le risque, grimace un conseiller de l'exécutif, puisqu'à la Sorbonne le président a fait des propositions et pas juste un bilan". Un autre trouve quand même ça très sévère : "L'Europe, c'est suffisamment important pour qu'un président puisse en parler !"
Au QG de campagne de Valérie Hayer, les équipes se sont penchées sur la question des conséquences sur la campagne, sitôt la décision tombée en fin d'après-midi. Ils ont même tenté d'appeler l'Arcom pour avoir des précisions mais il n'y avait plus personne. "Nous, on parlera moins", glisse un macroniste, car depuis le 15 avril, c'est l'équité entre candidats qui s'applique. Les chaînes de télévision qui ont diffusé le discours devront donc équilibrer en donnant la parole aux autres listes. En tout cas, ça n'aura pas de conséquence sur le meeting de Valérie Hayer, mardi 7 mai à la Mutualité, à Paris, car aucune chaîne de télévision n'avait prévu de le diffuser avant même cette sentence de l'Arcom.
"Une manipulation politicienne démasquée" pour Éric Ciotti
Après cette décision de l'Arcom, l'opposition jubile. Surtout LR qui avait saisi le régulateur de l'audiovisuel. Éric Ciotti se félicite que la "manipulation politicienne" soit "démasquée". "On a fait un bon coup", s'amuse un de ses proches qui parle d'une "belle surprise". La droite n'osait espérer que l'intégralité du discours serait concernée. L'insoumise Manon Aubry réclame maintenant que les frais d'organisation du discours de la Sorbonne soient imputés à la campagne de Valérie Hayer. Mais c'est une autre histoire, qui ne se règle pas avec l'Arcom. C'est la commission des comptes de campagne qui regardera ça, après l'élection.
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