Édito
François Bayrou nommé Premier ministre : le Parti socialiste s'affranchit de LFI

François Bayrou recevra, à compter de lundi, les forces politiques, en quête d'une solution viable pour former un gouvernement à même de faire passer, sans majorité, un projet de budget. Les socialistes ont l'intention d'honorer le rendez-vous.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président du groupe parlementaire du Parti socialiste français (PS) Boris Vallaud (à gauche) et le premier secrétaire du Parti socialiste français Olivier Faure, à l'hôtel Matignon, à Paris, le 14 septembre 2023. (MEHDI FEDOUACH / AFP)

François Bayrou entame, lundi 16 décembre au matin, un cycle de consultations des groupes parlementaires, avec un changement d’attitude à gauche. Cette fois-ci, les socialistes iront au rendez-vous, comme d’ailleurs les écologistes et les communistes mardi. Début septembre, ils avaient refusé de rencontrer Michel Barnier au lendemain de sa nomination. Le groupe PS avait annoncé d’emblée qu’il voterait la censure, avant même que le chef du gouvernement ne prononce le premier mot de sa déclaration de politique générale. 

Finie donc cette posture sectaire calquée sur l’attitude de la France insoumise, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a changé de stratégie. Il envisage désormais la conclusion d’un "accord de non-censure", pas "acquis", mais "possible", à condition de "concessions  réciproques", à commencer par l’abandon par François Bayrou du recours à l’article 49.3. Des discussions entamées avec Emmanuel Macron mardi dernier qui provoquent la fureur de Jean-Luc Mélenchon, les insoumis continuant, eux, de boycotter les invitations de l’exécutif.

Renouer avec la culture de gouvernement


Entre LFI et le PS, la rupture est consommée. Olivier Faure confie d’ailleurs volontiers qu’il n’a pas parlé à Jean-Luc Mélenchon depuis 18 mois. Et il assène à son propos: "Plus Jean-Luc Mélenchon crie, moins on l’entend". Ce divorce repose sur une "une divergence stratégique profonde", dit Olivier Faure. Les insoumis réclament la "destitution" d’Emmanuel Macron et une présidentielle anticipée pour imposer une quatrième candidature Mélenchon. Faute de candidat, les socialistes n’ont aucun intérêt à précipiter les échéances. Plutôt que le blocage, ils veulent donc contribuer à une sortie de crise, façon de renouer avec cette culture de gouvernement dont ils se sont éloignés depuis sept ans. En fait, on voit ressurgir le clivage historique entre deux gauches, l’une radicale qui rêve de "grand soir", l’autre réformiste, adepte de la politique des petits pas.    
 

Si cette rupture intervient maintenant. C'est d’abord à cause de l’enjeu d’une période historique qui peut plonger le pays dans le chaos institutionnel ou accoucher d’une nouvelle pratique politique plus apaisée et plus parlementaire. Et puis à cause de l’agenda personnel d’Olivier Faure. Contesté au sein du PS pour être trop soumis aux insoumis, il refait l’unité du parti et prépare son congrès, au premier semestre 2025.

La balle est désormais dans le camp de François Bayrou, C’est de l’ampleur de ses concessions, sur la proportionnelle, les retraites ou l’immigration, que dépend son avenir, celui des socialistes, et peut-être celui de la Vème République.

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