François Hollande : la déconsidération
« Changez de ton quand vous parlez du chef de l’Etat ». La supplique est dite sur un ton ferme par Manuel Valls, le chef du gouvernement devant la représentation nationale. Le propos heurte le groupe UMP qui décide de quitter aussitôt l’hémicycle. L’incident est révélateur. Le député UMP Pierre Lellouche interrogeait le gouvernement sur les moyens de l’armée pour ses opérations extérieures.
Il accusait le chef d’État de « louvoyer ». Le ton est jugé trop polémique par Manuel Valls, qui déjà ce matin se disait « écœuré » par les petites phrases "assassines" contre François Hollande. Le refus de l’opposition de manifester la moindre considération ou compréhension pour la recommandation du Premier ministre révèle combien François Hollande est désormais mal considéré. Les critiques les plus violentes, les moins respectueuses pleuvent sur le président de la République. Une attitude de rejet qui se manifeste à propos de la réforme territoriale. L’opposition dit approuver le principe, mais pas la méthode.
Cette posture peut passer pour une attitude maline de la droite pour refuser le consensus réclamé par le chef d’État. Mais il ne s’agit pas que de cela, quand la gauche et même des socialistes critiquent sans aucun ménagement le découpage de François Hollande. C’est un président de région socialiste, Christian Bourquin, qui dénonce « une carte des copains ». C’est un autre patron de région socialiste qui a publié les bans du mariage de sa collectivité avant l’arbitrage du chef d’État, histoire de l’influencer. Ce sont des élus socialistes, ou des alliés radicaux ou verts qui râlent ouvertement contre une carte dessinée « sur un coin de table ». Autant de petites phrases peu respectueuses de la légitimité élyséenne. C’est ce qui irrite Manuel Valls. De son point de vue, il s’agit d’un véritable danger politique.
Quand un chef d'Etat n’est plus pris en considération, sa parole est dévaluée, et son action est encore plus difficile. François Hollande prétend lancer une grande réforme territoriale avec moins de 20% de popularité. Comme si sa cote de confiance lui importait peu. L’essentiel étant de résister dans la tempête. « Gouverner ce n’est pas plaire » avait dit François Mitterrand. Certes. Mais pour présider, sans forcément plaire, il faut être entendu, écouté, c'est-à-dire pris en considération. Ce qui n’est pas tout à fait le cas de François Hollande aujourd'hui.
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