François Hollande, le chiraquien
Pourtant, l'histoire avait mal commencé, c'était en 1981.
François Hollande est un jeune socialiste totalement inconnu.
Il est sorti de l'ENA un an plus tôt. Et contrairement à la plupart de ses camarades de gauche, il a choisi François Mitterrand.
Il est alors conseiller officieux à l'Elysée, et il veut tenter sa chance à la députation. Le PS l'envoie en Corrèze, face au rival défait de François Mitterrand, Jacques Chirac.
Et François Hollande y croit à cette bataille en Corrèze
Il est persuadé que s'il contraint Jacques Chirac à un second tour, tout peut arriver.
Alors il se donne à fond...
Alors que Jacques Chirac ne lui accorde pas grande attention, il essaie de l'obliger à le prendre en considération.
Pour ce faire François Hollande s'invite à l'un de ses meetings...
Au milieu de solides corréziens acquis à la cause chiraquienne, un jeune homme prend la parole et interpelle l'ancien Premier ministre : "Je suis François Hollande, celui que vous comparez au labrador de François Mitterrand ".
Et depuis, Jacques Chirac met un visage sur le nom de son rival.
Mais François Hollande perd en 1981
Dès le premier tour, en se demandant pourquoi la rue de Solférino n'a jamais trouvé un poids lourd socialiste qui puisse venir lui donner un petit coup de main.
De retour à l'Elysée, François Hollande finit par comprendre que François Mitterrand ne voulait pas, ne trouvait pas convenable d'aller chercher des noises dans son fief à celui qu'il venait de battre à la présidentielle.
Une leçon de bienséance politique que dorénavant François Hollande applique en Corrèze. Il change de circonscription, s'installe à Tulle, dont il devient député en 1988, puis maire en 2001.
Il taille petit à petit son propre fief, sans défier directement Jacques Chirac. Il ne devient président du conseil général qu'en 2008, Jacques Chirac est déjà un ex président de la République.
Bernadette Chirac est toujours élue de Corrèze, c'est la rivale de François Hollande, mais il ne la pousse jamais dans ses derniers retranchements. François Hollande est un adversaire courtois.
Et comment sont-ils passés du combat fair play, à la complicité ?
Par le biais d'un rival plus radical qu'ils ont en commun, Nicolas Sarkozy.
François Hollande a grignoté le fief de Jacques Chirac, il ne l'a pas poussé méchamment vers la sortie.
Alors que Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de clamer son impatience de succéder à Jacques Chirac à l'Elysée, en revendiquant haut et fort sa volonté de rupture.
François Hollande, lui, cultive un style beaucoup plus rond, où l'on se dispute, mais où l'on se respecte, à la corrézienne.
Il est prévenant avec les chiraquiens de toujours, il a instauré des rites, comme la visite estivale à Bity auprès de l'ancien président.
Ce sont des marques de politesse, un esprit républicain qui cadre avec le style apaisé que François Hollande veut donner à sa présidence.
Et auquel Jacques Chirac avait rendu hommage en affirmant qu'il allait voter pour lui en 2012, contre Nicolas Sarkozy.
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