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Front de gauche, Parti de gauche, Parti communiste, des stratégies à élections variables

"Je suis devenu un peu méfiant et moins naïf ". la petite phrase est de Jean-Luc Mélenchon à propos de son allié communiste au sein du Front de gauche. L'ancien candidat à la présidentielle n'admet pas que les communistes s'allient parfois aux socialistes pour les élections municipales, notamment à Paris. Le ton est vif depuis plusieurs semaines entre les deux partenaires, les stratégies diffèrent. Mais il n'est pas encore question de rupture.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 20 min
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Cela
ressemble à deux enfants qui se disputent pour savoir à quel jeu ils vont s'amuser.
Le ton monte, les menaces fusent, chacun veut avoir raison, mais aucun ne tourne
les talons, car il n'a aucune envie de rester seul. Les
communistes jouent la partie des municipales, le Parti de gauche celle  des européennes. Forcément,
cela crée des tensions, car les règles du jeu diffèrent. Autant que les
ambitions de deux partenaires.

Les objectifs du Parti de gauche et du
parti communiste ne sont pas les mêmes.

Et
encore moins leur histoire. Le Parti communiste existe depuis bien plus longtemps. Il est fort de son audience
nationale, un peu passée, et de son implantation sur le terrain. Même s'il se
réduit, le maillage municipal est un peu tout ce qu'il reste au PC.

Le
Parti de gauche existe depuis beaucoup moins longtemps. Il a une audience
nationale et quasiment pas de maillage électoral local. Logiquement,
le Parti communiste privilégie les élections municipales, où il a longtemps
cheminé avec les socialistes. Alors
que le Parti de gauche mise tout sur les scrutins nationaux, comme la
présidentielle ou les européennes, cognant fort sur les socialistes au pouvoir..

Cela veut dire que le Front de gauche serait
prêt à faire l'impasse sur les municipales ?

Il
ne fait pas complètement l'impasse, mais il n'en n'attend pas grand-chose, beaucoup
moins en tout cas qu'aux européennes, où le parti de Jean-Luc Mélenchon aura l'occasion
de déverser toute son hostilité à la politique du gouvernement. S'il
ne l'a pas fait aux municipales, c'est qu'il n'en n'a pas vraiment les moyens
humains, ni les moyens politiques. Les
communistes ont besoin des socialistes pour sauver leur influence locale. Le Parti de gauche prospère dans l'hostilité aux socialistes. D'où
un discours assez contradictoire entre ces deux partenaires.

Cette contradiction peut-elle encore
durer longtemps ?

Elle
durera jusqu'aux élections municipales. Une
fois cette étape franchie, nul doute que les communistes retrouveront leurs
accents les plus vifs contre la politique des socialistes. D'ici
là, le Parti de gauche tente de prendre de l'avance sur ce positionnement,
quitte à critiquer vertement son futur partenaire. Car
les communistes demeurent un partenaire inévitable pour les prochaines
élections européennes. Sauf
à imaginer une implosion du PS dont l'aile gauche rejoindrait Jean-Luc
Mélenchon. Ce dont rêve l'ancien ministre socialiste. 

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