Gouvernement vs Medef : un clivage politique
Dans le Figaro hier, le numéro deux du patronat a dénoncé "un harcèlement fiscal jamais vu " sur les entreprises. Geoffroy Roux de Bézieux donnait ainsi le sentiment de vouloir sortir du pacte de responsabilité, en faisant porter la responsabilité sur le gouvernement. Aussitôt, les socialistes - le ministre du travail en tête - ont dénoncé cette posture, au même titre que la CFDT, réunie en Congrès. Comme le leader syndical Laurent Berger, François Rebsamen s’est indigné d’entendre "les entreprises se plaindre, geindre et pleurnicher alors que le gouvernement faisait un effort de 41 milliards d’euros " envers elles.
Ce matin, sans le désavouer, le ministre des Finances a précisé le propos en prévenant "certains " au Medef, qui ne devraient "pas vouloir jouer au plus fin trop longtemps ". En clair, Michel Sapin visait Geoffroy de Bézieux. Pas forcément Pierre Gattaz, le président du Medef qui se montre plus ouvert au dialogue. Même si cela ne l’empêche pas de se livrer à des sorties assez définitives, comme lorsqu’au sein même de la délégation présidentielle aux Etats-Unis, il avait critiqué la méthode "contraignante " du gouvernement.
Le dialogue n’est plus possible ?
Et aujourd'hui encore, alors que Michel Sapin veut distinguer différentes postures au Medef, Pierre Gattaz signe de son nom une tribune sur Internet, où il s’indigne des termes employés par les ministres. Il établit même un parallèle avec la CGT qui elle aurait le droit de refuser le pacte, alors que le Medef n’aurait même pas le droit de dire que des "engagements oraux ne sont pas tenus " par le gouvernement.
La polémique semble à son comble, le dialogue n’est plus possible ? Michel Sapin a tenté de relativiser les choses "chacun est dans son rôle, chacun a sa place", a-t-il assuré en milieu de journée. Il est un peu aidé par le patron des PME. "On ne sort pas du pacte de responsabilité comme ça ", a temporisé Jean François Roubaud. L’incident souligne deux approches internes au Medef. D’un côté, ceux qui veulent dialoguer, de l’autre ceux qui bloquent. Ces derniers donnent dans la "surenchère matinée de paroles sectaires " juge Jean-Christophe Cambadélis. Le mot n’est pas choisi au hasard, il souligne une posture politique voire idéologique. Au Medef, il y aurait les dogmatiques, les sectaires, et les progressistes, selon le vocable socialiste. C’est la même différence qu’entre la CGT et la CFDT veut croire un autre. En termes plus politiques : entre les socialos-socialistes et les socio-démocrates, c'est tout un problème interne au PS aussi.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.