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Grève à la SNCF : crise sociale ou crispation syndicale ?

Le président de la République et son Premier ministre tentent de faire pression sur les grévistes pour que cesse la grève, en prenant les Français à témoin.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (© Radiofrance)

Il faut savoir terminer un mouvement, estime François Hollande. Manuel Valls met en avant les conséquences extrêmement pénibles de cette grève. La fermeté d’une main, la mise en garde de l’autre, François Hollande et Manuel Valls tiennent le même discours. Le texte ne sera pas reporté, les députés pourront l’amender, mais il n’y aura pas de recul de la part du gouvernement.

Le dialogue peut se poursuivre lors du débat parlementaire, mais pas question de revenir sur ce qui a été négocié par les partenaires sociaux. C’est une question de principe pour François Hollande. Il tient au dialogue social, à ses règles et à es impératifs. "Il faut préserver le dialogue social. Le Parlement doit être un lieu de compromis", François Hollande répète inlassablement cette maxime à ses visiteurs. Jusqu’à présent d’ailleurs, sur ce conflit, les élus de gauche sont prudents.

Seul Pierre Laurent, le numéro un communiste, a demandé le report de l’examen du texte d’une semaine ou deux.

Mais il envisage déjà un refus présidentiel, en promettant de livrer bataille au nom des cheminots.

Autre argument du gouvernement, l’opinion, qu’il ne considère pas favorable à cette grève

Cette "grève n’est pas nécessaire" estime François Hollande, qui souligne les "conséquences dommageables pour la population". Manuel Valls parle de "conséquences extrêmement pénibles". Autrement dit les grévistes devraient être attentifs à l’opinion publique. L’association des usages insiste : "la grève touche des gens vulnérables, des précaires, des gens qui n’ont que le train pour aller bosser".

Le modèle de la crise sociale version 1995 ne peut s’appliquer à ce mouvement. A l’époque, les cheminots portaient une sorte de "grève par procuration" pour des salariés inquiets, eux aussi, pour leurs régimes sociaux. Aujourd'hui, le gouvernement parie sur le fait que cette grève n’est pas comprise, et par conséquent, qu’elle n’est pas populaire.

Il s’agit donc plutôt d’une crispation sociale

Même si la situation économique est très tendue en France, l’exécutif ne semble pas ressentir les prémices d’une crise sociale. Comme s’il était convaincu qu’il s’agissait d’une simple crispation de la CGT, débordée par sa base, laquelle est aiguillonnée par SUD.

Lundi, ce ne sont pas des salariés au pouvoir d’achat en berne qui seront pénalisés, mais leurs enfants ou leurs proches, des lycéens qui vont passer leur Bac. La responsabilité des grévistes est d’une autre nature. Le distinguo devrait peser dans les AG ce week end. C’est que veut croire, et espèrer,  l’exécutif. 

 

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