Guerre et apaisement
La posture lui
avait permis de battre Nicolas Sarkozy.François
Hollande en était persuadé, s'il se considérait comme le meilleur candidat contre
le président sortant, c'était parce qu'il pensait incarner tout son contraire. Pour lui, Nicolas
Sarkozy divisait et antagonisait la société française. Décrié pour
son goût immodéré pour la synthèse et le consensus, François Hollande se
sentait l'homme de la situation.****
Mais 18 mois de présidence ont effacé cette
image. François Hollande est accusé de diviser les français.
Ils ont été
profondément divisés par le mariage pour tous. Le texte a radicalisé et
mobilisé une bonne partie de l'opposition. Tandis qu'à
gauche, les tensions sont de plus en plus vives, y compris au sein du parti
socialiste, quand ce n'est pas au sein du gouvernement. Seul constat
unanime à droite comme à gauche, après l'affaire Léonarda ou les actions
violentes des bonnes rouges en Bretagne : l'exécutif ne pouvait rester
inerte. Les regards
se tournaient donc vers François Hollande pour réclamer une réponse présidentielle,
qui pour la plupart, ne pouvait passer que par un acte d'autorité élyséen.
Mais François Hollande ne tape pas du poing
sur la table, pas du tout même.
Il refuse
cet acte d'autorité qui ne lui correspond pas. Il s'inscrit
dans le registre qui est le sien, l'apaisement. Il surprend
quand même, en revendiquant un mot que les extrêmes veulent s'approprier, en
dénonçant les étrangers ou l'union européenne, le patriotisme. " C'est
l'amour des siens, le patriotisme n'a rien à voir avec la haine des autres ",
professe François Hollande, tout en voulant rendre hommage à tous les soldats
de 14-18, y compris les fusillés français, y compris les allemands. Un message
de paix incontestable, sauf à vouloir exhumer les guerres passées. La réaction
positive de Jean-François Copé l'atteste. Evidemment,
cette volonté de rassembler équivaut à un appel à unité nationale pour
affronter la crise économique actuelle. " Réformer,
réunir, réussir ", c'est désormais le credo de François Hollande.
François Hollande apparaît donc égal à lui-même.
Peut-on penser alors que ce discours fera date.
Il ne s'agit
pas d'un discours fondateur, au sens grandiloquent du terme. Il ne s'agit
pas d'un discours flamboyant. Mais c'est
un discours fort, parce qu'il se réfère à l'histoire, pour lancer un appel au rassemblement
face aux bouleversements du monde, et parce qu'il revient aux fondamentaux de François
Hollande. Quand les troupes se sentent perdus dans un
paysage sans repères, François Hollande revient au point de départ. Il était
attendu sur l'autorité, François Hollande s'affiche calme et se veut apaisant. Qualité
ou défaut ? c'est sa marque de fabrique. Il peut se
vanter de ne pas changer, et tente de donner le sens qui manquait à son action ;
une tentative, un essai, qu'il lui faut encore transformer.
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