Je te cadre, tu le recadres, nous nous recadrons, la difficile conjugaison au collectif du gouvernement
Sur le fond,
la mise au point du président de la République est assez classique: "Oui au
débat, mais en interne..." C'est ce que disent tous les présidents de la
République, confrontés au désordre dans leurs rangs. Sur ce point
François Hollande ne brille pas par son originalité. Pas plus quand il souligne le fait que "participer
au gouvernement n 'efface pas les sensibilités, mais impose le respect des
règles de collégialité, solidarité et responsabilité ".
La petite
musique hollandaise s'entend un peu plus dans la façon dont le président demande
au Premier ministre "d'assurer encore davantage la coordination du travail et l'expression
du gouvernement ".
Une phrase
très hollandaise, car elle mêle à la fois une petite critique du Premier ministre qui a laissé son équipe se
disputer. Critique atténuée en même temps par l'adverbe "encore" ,façon
de dire que Jean-Marc Ayrault n'est pas totalement inactif. Cette phrase
constitue également un feu vert pour que le chef du gouvernement s'autorise lui
aussi un petit recadrage vis-à-vis de ses ministres.
Et Jean-Marc Ayrault a recadré Manuel Valls cet
après midi à l'Assemblée nationale.
Par deux
fois, Jean-Marc Ayrault a préféré prendre la parole plutôt que la laisser au
ministre de l'Intérieur, interpellé par un député. Histoire de
montrer que c'est lui, le Premier ministre, qui distribue la parole. Le chef du
gouvernement a redit toute sa confiance à Manuel Valls, certes. Mais il a
également réaffirmé les mêmes principes de solidarité et cohérence que le président
de la République.
Un propos beaucoup
plus sévère aujourd'hui qu'hier, après la mise au point de François Hollande. "J'y veillerai
chaque jour" prévient Jean-Marc Ayrault, en espérant qu'il n'y aura pas d'autre
incartade.
Et Cécile Duflot ? elle s'en tire sans
dommage ?
Elle aussi
est concernée par le recadrage. Même si le chef du gouvernement n'a pas tout de
suite tancé sa ministre, aux journées parlementaires des écolos, elle est visée
par la mise au point du président de la République. Elle n'aurait
pas du dire sa divergence et attaquer publiquement son collègue de l'Intérieur.****
Personne ne sort grandi par cette polémique
finalement ?
C'est la
morale de l'histoire. Tout le
monde est affaibli. Le chef de
l'Etat dont l'autorité a été contestée. Le Premier
ministre, qui apparaît soumis au tempo présidentiel pour prendre la liberté de
tancer ses ministres. Les ministres
eux-mêmes, qui ne valorisent pas forcément leur profil en donnant le sentiment
de jouer une partition personnelle. Au final, tout
l'exécutif s'est empêtré dans une polémique superflue. Il n'est qu'à
voir les réactions ironiques et réjouies de l'opposition pour s'en convaincre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.