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Jean-François Copé, le boomerang de la dramatisation

Jean-François Copé a donc choisi la contre-attaque. Il met tous les partis et les dirigeants des médias au défi de publier leurs comptes et leur patrimoine.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Jean-François Copé a dramatisé tant qu'il le pouvait. Il dénonce une "chasse à l'homme ", dans "un climat nauséabond ", des méthodes dignes de "l'inquisition ", conduisant à un "bûcher médiatique "... un "lynchage public ", menés par des "Tartuffes bouffis d'orgueil " selon lui. C'est la réaction d'un "homme écorché " explique son ami Roger Karoutchi. Et il est vrai que le visage blême de Jean-François Copé, sa voix blanche et son regard voilé accréditent cette idée : Jean-François Copé agit comme un homme blessé, qui refuse de mettre le genou à terre.

C'est pourquoi il passe à l'offensive avec ces deux propositions de loi en forme de défi.

Un défi lancé à toutes les autres formations politiques, et à la presse. Puisque l'enquête du Point jette le soupçon sur sa gestion financière de l'UMP, Jean-François Copé refuse de subir cette transparence tout seul. Il veut que tout le monde rende des comptes, y compris les patrons de presse, qui, comme les politiques, devraient publier leur patrimoine, selon lui. A défaut, tous devront au moins approuver, ou non, sa propre demande de transparence totale.

Mais personne ne semble vouloir répondre à l'injonction de Jean-François Copé.

Sans doute parce que cette injonction n'est pas très crédible. Jean-François Copé prétend se faire le nouvel héros de la transparence, en ouvrant les comptes de l'UMP, depuis 2007. Mais à peine les a-t-il ouverts qu'il les enferme dans une pièce de l'UMP placée sous scellés. La vérification des affirmations du Point n'est donc pas possible.

Deuxième faiblesse de Jean-François Copé : il plaide la transparence après avoir voté contre le dernier projet de loi proposé sur ce thème. Les socialistes avaient soumis cette réforme en réaction à l'affaire Cahuzac. La droite n'a pas voulu lui emboîter le pas en septembre dernier. Aujourd'hui, Jean-François Copé se trouve assez seul pour prétendre aller plus loin.

Car les soutiens sont assez peu nombreux, y compris à l'UMP.

La gauche l'accuse d'esquiver, le FN critique "une stratégie de diversion", les responsables de droite sont prudents. François Fillon, son rival à la tête de l'UMP renvoie à l'après-municipales. Alain Juppé dit "comprendre l'irritation " de Jean-François Copé. Mais il juge "injuste "  le fait de "mettre en cause tous les medias ". Quelques heures après cette déclaration solennelle, Jean-François Copé mesure son isolement. Parfois, la dramatisation suscite un sursaut solidaire, parfois, elle revient en boomerang. 

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