Jean-Marie Le Pen bouscule la stratégie de sa fille, Marine
Illustration de cette entreprise de longue haleine, un mois seulement après son élection, elle donnait une interview dans Le Point pour dire que les camps nazis c'étaient le summum de la barbarie. Le but c'était de solder l'histoire du point de détail qui avait valu à Jean-Marie Le Pen une condamnation au tribunal et puis arrivera en 2011 encore toute une série d'exclusions du parti pour cause d'engagements politiques sulfureux, des proches de Bruno Gollnisch pour la plupart, adversaire malheureux contre Marine Le Pen à la présidence du parti, proches du groupuscule pétainiste l’œuvre Française.
Un mouvement nationaliste d'extrême droite, incompatible avec la nouvelle image que Marine Le Pen veut donner au parti. D'ailleurs elle ne veut pas que l'on parle du FN comme d'un parti d'extrême droite. La politique c'est aussi de la sémantique. Et c'est au moment où cette stratégie de normalisation du parti commençait à porter ses fruits que Jean-Marie Le Pen a de nouveau fait parler de lui. Il y a eu d'abord les élections municipales et la conquête de plusieurs mairies et deux mois plus tard le succès aux européennes.
Une première place dans un scrutin pour la première fois de son histoire avec 25% et l’élection de 24 eurodéputés et c'est à ce moment là que Jean-Marie Le Pen remet les pieds dans le plat avec cette polémique qui vient enrayer cette dynamique et gêner de surcroit sa fille en pleine négociation pour former un groupe politique au parlement européen avec les euro-sceptiques. Cette affaire rappelle le souvenir du schisme entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret fin 1998. Alors, y-a-t-il précisément des éléments de comparaison avec les frictions actuelles entre les Le Pen père et fille ? Il y a quelques similitudes c'est vrai. D'abord, les tensions à l'époque entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret arrivent à un moment ou le FN commence à obtenir des résultats électoraux.
Une rupture d'une rare violence
Des mairies en 95 et puis l’élection de 275 élus aux régionales de 98. C'est alors que des tensions se font jour et là encore à cause d'une divergence de stratégie. Le bras droit de Jean-Marie Le Pen dénonce à l'époque les provocations stériles et le refus d'ambition de la direction de vouloir accéder au pouvoir, notamment au travers d'alliances avec le RPR et l'UDF. Jean-Marie Le Pen refuse alors tout compromis. Il exclut Bruno Mégret et ses lieutenants. Une rupture d'une rare violence. Le président traitant son second de félon. Le comparant à Brutus, le fils de César. C'est donc la première fois depuis cette époque que les attaques sont si frontales à l'encontre du président d'honneur et fondateur du Front National ? Et que l'on assiste à ce grand déballage sur la place publique.
Illustration des divergences de stratégie politique, car Jean-Marie Le Pen qui tient encore les cordons de la bourse du parti, président d'honneur à vie n'a jamais ambitionné de faire partie du système tout le contraire de Marine Le Pen qui l'a redit à l'issue des élections européennes elle veut faire du FN un parti de gouvernement après l'avoir rebaptisé premier parti de France. Mais pour gouverner il faut rassembler, ne plus cliver, gagner en respectabilité et en cela les déclarations provocantes de Jean-Marie Le Pen sont un frein à ses ambitions de conquête du pouvoir. C'est pour ça notamment que Marine Le Pen n'avait pas d'autres choix que de condamner publiquement les dernières déclarations de "papa".
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